La biotech Acticor Biotech, qui développe un traitement pour soigner les AVC, a prévu d’entrer en Bourse dans les prochains jours. L'occasion pour Gilles Avenard, MD, directeur général et cofondateur de la biotech d'évoquer son groupe et ses perspectives.

1) D'où vient Acticor Biotech et pourquoi faire ?

La société a été fondée en 2013. Comme souvent dans le secteur des biotech, c'est un spin off de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui avait identifié notre candidat médicament, un fragment d'anticorps monoclonal humanisé, baptisé depuis Glenzocimab. Ce dernier deviendra, nous l'espérons, une référence dans le traitement d'urgence des malades thrombotiques, dans un premier temps l'accident vasculaire cérébral (AVC), et l'embolie pulmonaire et l'infarctus du myocarde, 1ère cause de décès dans le monde.

L'enjeu est de taille car il n'existe pour l'heure aucun traitement réellement efficace. Malgré une prise en charge optimale, la moitié des patients présentent encore des handicaps après un AVC. Le seul médicament existant, l'Altéplase prescrit nécessairement dans les premières heures, est susceptible de causer une hémorragie à l'issue fatale, ou des handicaps. Il existe donc un besoin urgent d'un médicament antithrombotique pour réduire les risques d'hémorragie, et les séquelles associées.

2) Vous en êtes où de vos recherches ?

Nous avons finalisé une étude de phase 2 dont les résultats, attendus au premier trimestre 2022, devraient confirmer le bon profil de sécurité de Glenzocimab. Cette étude nous permet également de commencer à collecter des données sur l'efficacité du médicament. Nous venons de démarrer une étude de phase 2/3, qui correspond à une étude de phase 3 d'enregistrement. Nous prévoyons de communiquer des résultats intermédiaires au deuxième trimestre 2023.

Notre objectif est d'évaluer l'efficacité du Glenzocimab en complément de l'Alteplase, le médicament de référence dans les 4h 30 suivant un AVC jusqu'alors. L'objectif du Glenzocimab est ainsi d'augmenter le nombre de patients sans séquelle de 40 à 52%. Nous envisageons une mise sur le marché à l'horizon 2026.

3) Pourquoi la Bourse ?

Le but de cette introduction en Bourse est de financer cette phase 2/3 et prouver ainsi l'efficacité de notre traitement, en complément de l'Altéplase pour le traitement de l'AVC. A date, aucun autre médicament en développement n'a pu prouver sa bonne tolérance. Nous, oui ! Nous comptons lever 20 millions d'euros, un montant qui valorise la société entre 70 et 90 millions d'euros, selon le prix par action retenu (entre 7,12 et 9,62 euros).

Nous avons déjà levé 44 millions d'euros, dont 34 millions auprès de fonds d'investissement, de plateformes de crowdfunding et d'une entreprise chinoise, tous se sont engagés dans notre projet à souscrire à l'augmentation de capital à hauteur de plus de 10 millions d'euros.

Enfin, je rappelle que notre but n'est pas de commercialiser nous-même notre médicament, mais de nouer des partenariats avec de grands laboratoires. Nous n'avons pas encore précisément estimé le prix de vente Glenzocimab, mais l'Altéplase, dont le prix a été fixé il y a une vingtaine d'année est vendu environ 500 euros en Europe et 5000 dollars aux Etats-Unis. Selon nos prévisions, en cas de succès, le marché du Glenzocimab pourrait atteindre un milliard de dollars.

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot