L'indice national des prix à la consommation, qui comprend les produits pétroliers mais exclut les produits alimentaires frais, a augmenté de 0,7% en avril en rythme annuel.

Ce chiffre est légèrement inférieur à la prévision médiane du marché qui était de +0,8% et à celui de mars (+0,9%), en dépit de la récente hausse des prix du pétrole qui a fait grimper les factures d'électricité et d'essence.

L'inflation de base, qui exclut les produits alimentaires frais et l'énergie et qui est l'indicateur économique suivi par la Banque du Japon (BoJ), a décéléré à 0,4% contre 0,5% en mars.

Les prix des aliments transformés ont augmenté de 1,1% en avril sur un an, au même rythme qu'en mars, signe que peu d'entreprises ont profité du début du nouvel exercice fiscal pour répercuter la hausse des coûts sur les consommateurs.

Le ratio des biens ayant enregistré une hausse des prix s'est établi à 53,9% en avril, soit à peu près le même niveau qu'en mars.

"PAS DE RESSERREMENT MONÉTAIRE DE SITÔT"

La faiblesse de l'inflation en avril est particulièrement malvenue pour la Banque du Japon, qui avait espéré que les entreprises se précipiteraient pour augmenter leurs prix au début du nouvel exercice fiscal.

Avec une inflation qui ralentit et d'autres données qui suggèrent que l'économie a atteint son apogée au premier trimestre, les responsables de la BoJ devraient être peu enclins à donner des signes d'une inflexion de la politique monétaire ultra-accommodante, selon des analystes.

"La modération généralisée des pressions sur les prix en avril souligne que la Banque du Japon ne sera pas en mesure de resserrer sa politique monétaire de sitôt", a déclaré Marcel Thieliant, économiste pour le Japon chez Capital Economics.

"Nous prévoyons que la croissance du PIB ralentira cette année, ce qui suggère que le déficit de capacités ne s'intensifiera plus."

La pression pour maintenir les prix à la baisse est particulièrement forte chez les grands distributeurs dont les clients sont extrêmement regardants sur les coûts.

La chaîne de restauration rapide Yoshinoya Holdings a dit qu'elle n'avait pas l'intention d'augmenter le prix de son fameux bol de boeuf cette année malgré la hausse des coûts de la main-d'oeuvre. Elle avait augmenté ses prix en 2014 et cela avait pesé sur ses ventes.

Torikizoku a perdu des clients depuis qu'il a augmenté le prix de ses brochettes de poulet grillées en octobre dernier, pour la première fois en près de 30 ans.

"L'économie ne se porte pas forcément si bien que ça", souligne Soichi Okazaki, président du géant de la distribution Aeon.

Si la hausse actuelle des coûts pétroliers peut soutenir la croissance des prix, les analystes s'attendent à ce que l'inflation n'atteigne pas l'objectif de la BoJ dans les années à venir, au regard de la médiocre croissance des salaires et de la faiblesse de la consommation.

"Les entreprises restent prudentes pour ce qui est d'augmenter les prix", a déclaré Yoshiki Shinke, économiste du Dai-ichi Life Research Institute.

"Les hausses des prix des biens non énergétiques resteront probablement faibles; nous ne pouvons donc pas nous attendre à une accélération du CPI 'core'", a-t-il dit, ajoutant que cette inflation de base resterait probablement inférieure à 1% pour le moment.

(Jean Terzian et Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Leika Kihara

Valeurs citées dans l'article : Aeon Co Ltd, YOSHINOYA HOLDINGS CO LTD, Torikizoku Co Ltd