Paris (awp/afp) - A la veille de la deuxième phase des réouvertures en France, les préparatifs battent leur plein mardi, en particulier dans les restaurants, sur fond d'amélioration continue de la situation sanitaire grâce au rythme soutenu des vaccinations et une météo favorable.

Avec "35 à 38 millions" de primo-vaccinés prévus au 30 juin et parce qu'"on a un peu de chance aussi avec le temps", "on a un virus qui circule moins" et "des chiffres qui baissent plus rapidement que nous l'avions imaginé", a expliqué mardi Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique Covid-19, sur RTL.

Le nombre de malades du Covid hospitalisés a de nouveau baissé lundi (14.323 patients contre 16.596 une semaine plus tôt). Dont 2.472 dans les services de soins critiques (qui incluent la réanimation), un chiffre repassé depuis le 30 mai sous la barre des 3.000, soit la moitié du pic de la troisième vague atteint fin avril.

Le professeur a qualifié d'un "peu complexe" cette étape de réouverture des bars et restaurants en intérieur mercredi, des salles de sport, piscines couvertes, parcs d'attraction, fêtes foraines, et du retour des salons professionnels, avec un couvre-feu repoussé de deux heures à 23H00.

Mercredi marquera aussi l'entrée en vigueur du pass sanitaire (vaccination ou tests négatifs) pour les évènements accueillant plus de 1.000 personnes.

Spectateurs au Stade de France

Jean-François Delfraissy se dit optimiste, "si les Français sont raisonnables, si on arrive à maintenir le respect des gestes barrière, le port du masque, y compris à l'extérieur, au moins jusqu'au 30 juin".

Au-delà, l'immunologue, convaincu que la population le portera "là où il le faut", a reconnu qu'il sera "très difficile" de le maintenir, notamment à la campagne ou sur la plage.

Masque de rigueur et avec un jour d'avance sur la levée de restrictions, 5.000 spectateurs pourront, pour la première fois depuis des mois, assister au match amical France-Bulgarie, au Stade de France mardi soir.

La reprise du service à l'intérieur des restaurants, après sept mois de fermeture, est au coeur de la deuxième étape mardi du "tour de France" d'Emmanuel Macron pour "accompagner la relance" après la crise du Covid-19.

Le président se rend dans un lycée hôtelier de la Drôme, où seront abordées les difficultés de recrutement du secteur, et déjeunera dans un restaurant à Valence.

Les professionnels, qui devront respecter une jauge de 50% de tables de six personnes au maximum en salle, s'inquiètent aussi de la fin programmée des aides de l'Etat alors qu'ils manquent de visibilité, en particulier sur le retour des touristes étrangers.

"Un peu cruel"

Malgré ces inquiétudes, les restaurateurs dépourvus de terrasse sont heureux de pouvoir enfin rouvrir, trois semaines après leurs confrères munis d'espaces extérieurs.

"C'était un peu cruel de voir ses voisins retravailler, nous sommes du mauvais côté (..) le trottoir est petit, il y a une piste cyclable, un passage des bus", explique Frédéric Dorin, patron du café-restaurant Les Editeurs installé au Carrefour de l'Odéon à Paris.

Et l'heure est aux préparatifs pour les 35 salariés d'un établissement ouvert en temps normal "7 jours sur 7, 365 jours par an".

"On est passé d'une vie à 200 à l'heure au canapé toute la journée à la maison", se remémore Jean-Philippe, maître d'hôtel, plus habitué aux services de 12 heures qu'à "regarder des séries assis chez soi".

La réouverture en demi-jauge est aussi attendue "avec impatience" par le chef japonais Kazuyuki Fujinuma, dont le restaurant L'Initial, proche de la Seine, est resté rideaux baissés depuis fin octobre.

Même si l'établissement a reçu une quinzaine de réservations pour le week-end à venir, il s'inquiète car il faut "investir dans des produits frais, sans savoir si les clients reviendront". Son restaurant dépend pour un tiers des touristes étrangers.

A ce sujet, le patron des Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet, a demandé mardi au ministère de l'Intérieur de lever les contrôles systématiques en vigueur pour les passagers de la zone Schengen qui provoquent déjà des engorgements à Orly et Roissy, dans un contexte d'allègement des restrictions entre pays européens.

afp/al