Zurich (awp) - Aevis Victoria a plongé dans les chiffres rouges au terme d'un premier semestre marqué par la pandémie de coronavirus, qui a lourdement pénalisé ses activités dans l'hôtellerie et les cliniques privées. Le groupe compte néanmoins saisir les opportunités émergeant de la crise pour procéder à des acquisitions.

L'année avait bien commencé pour le propriétaire de Swiss Medical Network, de Medgate ainsi que des hôtels Victoria Jungfrau et Seiler. Alors que le début d'exercice a été "prometteur" dans le domaine hospitalier et avait débuté "sous les meilleurs auspices" dans l'hôtellerie, la crise du coronavirus a rudement malmené les activités du groupe.

Les cliniques se sont vue interdire les interventions médicales non-urgentes pendant 45 jours et les hôtels ont dû fermer. Depuis leur réouverture, les établissements souffrent de l'absence des clients internationaux et de l'annulation des événements.

Cela s'est fait ressentir au niveau des chiffres clés. Sur les six premiers mois de l'année, les recettes nettes se sont effondrées de 39,6% à 302,8 millions de francs suisses, a détaillé Aevis vendredi dans son rapport semestriel.

A noter que le chiffre d'affaires du premier semestre 2019 avait bénéficié de l'apport de 193 millions de francs suisses issus de la vente des participations dans la filiale Infracor. Le chiffre d'affaires dit opérationnel, faisant abstraction de cet élément exceptionnel, a seulement baissé de 1,5%.

La filiale de cliniques privées Swiss Medical Network a vu son chiffre d'affaires baisser de 5,9% à 294,6 millions de francs suisses.

Dans le segment Hospitality, qui comprend les hôtels de luxe Victoria-Jungfrau et les établissements Seiler, les ventes ont bondi de 49,8% à 43,8 millions de francs suisses grâce à l'intégration des hôtels Mont Cervin Palace et Monte Rosa à Zermatt, ainsi que de l'Intercontinental à Davos.

"L'impact dans l'hôtellerie a finalement été assez faible, vu que la saison d'hiver était terminée lorsque l'épidémie a commencé. Le résultat des hôtels de montagne n'a donc pas été impacté, à la différence du Bellevue Palace à Berne et Interlaken, qui vivent des événements", a expliqué à AWP l'administrateur délégué Antoine Hubert.

Dans le domaine médical, "un certain rattrapage a pu être effectué avec les opérations déjà programmées. Mais comme il n'y a pas eu de consultation pendant un mois et demi, toute la chaîne médicale a dû se remettre en route. Cela ne sera pas complètement rattrapé", a-t-il précisé.

Selon les directives de la fédération H+, la perte d'activité se chiffre entre 15 et 20 millions de francs suisses pour les 45 jours d'interruption d'activité dans les cliniques privées.

Au niveau de la rentabilité, le résultat d'exploitation (Ebit) est passé en négatif à 9,4 millions, après un bénéfice opérationnel de 201,1 millions un plus tôt. La marge afférente s'est établie à -3,1%, contre +40,1% douze mois plus tôt.

Le groupe a maintenu des flux de trésorerie positifs dans les deux secteurs. Aevis Victoria a reporté d'un à deux ans certains investissements, a fait appel au chômage partiel et a négocié des rabais de solidarité avec ses fournisseurs et les propriétaires fonciers.

Le groupe a bouclé la période de janvier à fin juin sur une perte nette de 14,1 millions de francs suisses, à comparer avec un bénéfice net de 202,1 millions enregistré au premier semestre 2019.

Petites structures dans le collimateur

Face aux incertitudes, la direction a renoncé à émettre des objectifs au niveau des recettes annuelles. La marge brute d'exploitation (Ebitda) et les flux de trésorerie devraient rester "largement positifs", sans plus de précision.

Dans les cliniques privées, l'activité est de nouveau solide depuis juin, mais la société ne sera pas en mesure de rattraper d'ici la fin de l'année le manque à gagner subi au second trimestre. Quant à l'hôtellerie, Aevis Victoria va saisir l'opportunité et fermer plusieurs établissements pour les rénover.

L'entreprise va également poursuivre son expansion. Le groupe fribourgeois cible notamment les petits acteurs des soins ambulatoires, sans perdre de vue d'éventuels partenariats avec les acteurs publics dans le médical.

Dans les soins ambulatoires, notamment les centres de physiothérapie et de radiologie, certaines sociétés se trouvent dans une situation financière difficile en raison de la pandémie de Covid-19.

"Ces acteurs-là sont des cibles de rachat", a précisé M. Hubert, ajoutant être en discussion "avec une dizaine de cibles potentielles".

Alors qu'Aevis Victoria est engagé auprès de l'Hôpital du Jura bernois, le groupe reste ouvert aux partenariats public-privé. Selon Antoine Hubert, "certains hôpitaux publics sont en difficulté suite à la pandémie de coronavirus et il y aura donc peut-être des opportunités".

Ces annonces ont porté le titre Aevis tout au long de la séance de vendredi, celui-ci clôturant sur un bond de 7,2% à 12,65 francs suisses, dans un indice SPI en hausse de 0,24%.

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