PARIS, 21 septembre (Reuters) - Air France-KLM doit "faire beaucoup plus" pour réduire ses coûts face à la crise persistante du transport aérien en raison du nouveau coronavirus, déclare Ben Smith, le directeur général du groupe franco-néerlandais, dans une interview publiée lundi par L'Opinion.

"Nous savions, avant la pandémie, que nous devions transformer le groupe pour le rendre plus fort", dit Ben Smith. "Le plan que nous avons annoncé en novembre 2019 est toujours pertinent, mais la crise nous oblige à l’accélérer. Il nous faut faire beaucoup plus pour réduire nos coûts."

"Nous faisons toutes les économies possibles au sein du groupe et dans les compagnies, c’est indispensable pour réussir à traverser les mois à venir", ajoute-t-il, en indiquant qu'"aujourd’hui, la règle est qu’Air France-KLM opère uniquement les vols rentables".

"Si nous nous basons sur les dernières semaines, il est clair que le rebond du trafic sera plus lent que prévu", ajoute-t-il.

La compagnie aérienne entend poursuivre la réorganisation du réseau domestique d'Air France, un marché très déficitaire qui a perdu 200 millions d'euros, a-t-il rappelé.

"Cela passe par la rationalisation de Hop ! Nous gardons des liaisons entre Roissy et les villes moyennes françaises, ainsi que le hub de Lyon."

"Cette évolution de notre modèle s’inscrit aussi dans le cadre des contreparties, que nous avons acceptées, aux aides exceptionnelles reçues de l’Etat français."

Air France a obtenu en avril de Paris l'octroi d'une aide de 7 milliards d'euros qui se décompose en un prêt de 4 milliards octroyé par un syndicat de six banques, garanti par l'Etat français à hauteur de 90%, et par un prêt direct de 3 milliards de l'Etat français.

Les Pays-Bas ont quant à eux apporté 3,4 milliards d'aide à KLM.

"Ces soutiens nous permettent de tenir moins de douze mois. Nous sommes en train de discuter avec nos actionnaires de la manière de renforcer notre bilan au-delà de cette période", a ajouté le directeur général.

" Un, trois ou cinq milliards d’euros ? Il est trop tôt pour chiffrer le montant d’une éventuelle recapitalisation. Cette question sera décidée avant la prochaine assemblée générale", a-t-il précisé.

Ben Smith a par ailleurs fait part de son hostilité à l'idée d'instaurer une écotaxe sur le transport aérien comme l'a préconisé la convention citoyenne sur le climat.

"Ce serait irresponsable et catastrophique pour notre groupe", a-t-il estimé.

Emmanuel Macron avait indiqué lors de la restitution de la Convention citoyenne que la quasi-totalité des propositions seraient mise en oeuvre par le gouvernement. Mais le projet d'écotaxe fait désormais débat au sein du gouvernement, alors que les compagnies aériennes sont plongées dans la plus grave crise de leur histoire.

A 10h28, le titre Air France-KLM reculait de 4,56% à 3,492 euros, globalement en ligne avec l'indice sectoriel européen(-4,80%). (Bertrand Boucey et Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)