Boeing, le premier avionneur mondial, a dit avoir récolté 528 commandes et engagements lors du salon, tandis qu'Airbus a fait état de 431 commandes nouvelles, soit 371 sur une base comparable en faisant abstraction des CSeries de Bombardier nouvellement acquis.

Sur cet ensemble, les commandes passées par des acheteurs non identifiés sont légion, ce qui n'est pas courant pour un événement majeur dans l'aéronautique, destiné aussi à faire parler de soi. Cela veut dire, croit-on, que Boeing et Airbus sont soucieux d'améliorer leurs scores à tout prix.

"Un salon de l'aviation ? C'était plutôt un salon des Ovnis cette année", a dit l'un des délégués du salon.

Pour Airbus, cette discrétion de la clientèle tient surtout aux tensions commerciales du moment, certaines sociétés ne voulant pas passer pour prendre parti soit pour les Etats-Unis soit pour une autre puissance économique dans un tel climat.

Mais selon des sources proches du dossier, dans bien des cas les négociateurs voulaient surtout boucler des contrats à moitié conclus ou s'appuyer sur le salon pour pousser les compagnies aériennes à s'engager même au prix de leur anonymat.

Ce n'est pas le problème d'AirAsia, dont les co-fondateurs ont tenu des conférences de presse parallèles à Farnborough et à Kuala Lumpur pour une commande de 34 Airbus A330neo.

L'accord a été conclu au terme d'âpres négociations puisque le client menaçait de faire défection au profit de Boeing ; non content de prendre ces appareils, AirAsia a au contraire confirmé en outre une commande de 66 de ces long-courriers.

Mais l'espoir que nourrissait Airbus d'assurer auprès d'AirAsia une commande supplémentaire immédiate de 100 A321neo, des appareils plus petits que les A330neo, a été réduit à néant, la compagnie aérienne se concentrant sur l'expansion de sa flotte d'A330neo.

Ce dernier a perdu du terrain face au 787 Dreamliner de Boeing, laissant Airbus dépendant d'AirAsia pour tenter de rétablir l'équilibre sur ce segment long-courrier où la lutte est âpre.

En témoigne l'annonce par Boeing d'une commande ferme d'au moins 10 787 par Hawaiian Airlines, conclue après que la compagnie aérienne eut annulé une commande d'A330neo.

Airbus a également annoncé une commande de 50 monocouloirs A321neo de la part de VietJet, au lendemain d'une commande de 100 737MAX par la même compagnie vietnamienne.

Les sociétés de louage ont beaucoup commandé durant le salon, y compris certaines qui n'avaient pas jusqu'alors l'habitude de traiter directement avec les constructeurs et qui préféraient acheter leurs appareils à des compagnies aériennes pour leur relouer.

Boeing a enfin bénéficié d'une bonne demande pour des versions cargo de ses avions, et ce en dépit de la montée des périls commerciaux.

Airbus pour sa part a remporté une commande provisoire de 10 A320neo avec SaudiGulf, selon des sources professionnelles. L'avionneur européen a annoncé la commande jeudi sans dévoiler l'identité de l'acheteur.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Tim Hepher et Eric M. Johnson