(actualisation : commentaires du directeur financier sur l'assurance-crédit et sur les objectifs de livraison 2016, ralentissement des commandes)

Airbus Group (>> Airbus Group) a annoncé mercredi une baisse de 21% de son résultat opérationnel au troisième trimestre et une nouvelle période de consommation de trésorerie, signes des difficultés financières auxquelles est confronté le spécialiste européen de l'aéronautique, qui peine à augmenter sa production d'avions.

Airbus a dégagé un bénéfice opérationnel, hors éléments exceptionnels, de 731 millions d'euros au troisième trimestre, contre 921 millions d'euros à la période correspondante de 2015. Sur la période, le chiffre d'affaires a reculé de 1%, ou 122 millions d'euros, à 14 milliards d'euros.

Le bénéfice net a plongé de 87%, à 50 millions d'euros contre 736 millions d'euros, un taux effectif d'impôt plus important expliquant en partie l'ampleur de la chute.

Le groupe toulousain connaît une année difficile. Bien que des années de commandes records aient gonflé son carnet de commandes jusqu'à plus de 6.700 appareils, Airbus peine à traduire cet afflux d'activité en termes de création de valeur pour ses actionnaires.

Un objectif difficile à atteindre

Airbus a par ailleurs maintenu sa prévision annuelle de flux de trésorerie disponible, bien que son objectif semble de plus en plus difficile à atteindre. Airbus a consommé 1,4 milliard d'euros de trésorerie au troisième trimestre. Au quatrième trimestre, généralement le meilleur pour le groupe en termes de trésorerie, Airbus devra générer des flux de trésorerie disponible de près de 6 milliards d'euros pour atteindre son objectif annuel de trésorerie de 1,2 milliard d'euros environ hors impact des fusions-acquisitions.

"Pour les derniers mois de l'année, nous restons totalement concentrés sur nos objectifs de bénéfice et de trésorerie", a déclaré Tom Enders, le président exécutif d'Airbus.

Privé d'assurance-crédit à l'export

La position de trésorerie du constructeur aéronautique doit supporter un fardeau de 500 millions d'euros lié au financement des commandes, étant pour le moment privé d'assurance-crédit à l'export. Les établissements de soutien à l'exportation comme la Coface ont suspendu leurs aides à Airbus après que le groupe a reconnu avoir commis certaines inexactitudes dans ses demandes de crédit-export. Le directeur financier Harald Wilhelm a noté que le montant de ces charges devrait encore augmenter d'ici la fin de l'année. Selon le dirigeant, il est difficile de déterminer quand les agences accorderont à nouveau leur aide à Airbus, bien que les discussions qui se déroulent apparaissent constructives. Le Serious Fraud Office, l'agence britannique chargée des affaires de fraudes graves ou de corruption mène par ailleurs une enquête.

La livraison de 670 appareils attendue en 2016

Harald Wilhelm a indiqué que le groupe livrerait 670 appareils cette année, un objectif relevé de 20 unités afin d'atteindre les objectifs de résultat financier.

Airbus est en retard sur les livraisons de son nouveau monocouloir A320neo et peine à remplir ses objectifs sur le long-courrier A350. Ses fournisseurs sont largement en cause, bien que l'Airbus A350 connaisse ses propres ennuis. Le directeur financier assure que l'entreprise espère toujours livrer 50 de ces appareils cette année tout en précisant que cela nécessiterait "un travail d'enfer" pour y parvenir.

Les résultats ont aussi souffert de la tarification de l'A330, orientée à la baisse du fait de la nécessité d'écouler les appareils de la version actuelle avant la mise sur le marché l'an prochain d'une version remaniée, l'A330neo.

Inquiétude sur les prises de commande

Les investisseurs dans le domaine aéronautique s'inquiètent d'un ralentissement du rythme des prises de commandes chez Airbus ainsi que chez son rival Boeing (>> BlackRock Global Opportunities Equity Tr), en particulier sur le segment le plus rentable des appareils long-courriers.

Le rythme des nouvelles commandes devrait cependant dépasser celui des livraisons, d'après Airbus.

Le mois dernier, Airbus a annoncé une restructuration majeure pour réaliser des économies, intégrant son siège à la division aéronautique civile, celle qui génère les bénéfices les plus importants. Le groupe a commencé à discuter avec les syndicats en vue de réductions d'effectifs, sans préciser à ce stade le nombre de postes menacés. Airbus a également nommé Fabrice Brégier, le patron de la division aéronautique civile, au poste nouvellement créé de directeur exécutif (>> Cooper Companies Inc) du groupe.

-Robert Wall, Dow Jones Newswires

(Version française Valérie Venck et Aurélie Henri) ed: VLV - ECH