PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe européen d'aéronautique et de défense Airbus a publié jeudi une lourde perte nette au titre du premier semestre, en raison des répercussions de la crise sanitaire sur l'activité de sa division d'aviation commerciale.

"L'impact de la pandémie de Covid-19 sur nos résultats est aujourd'hui bien visible au deuxième trimestre, avec moitié moins de livraisons d'avions commerciaux qu'un an plus tôt sur la même période",a indiqué Guillaume Faury, le président exécutif du groupe, cité dans un communiqué.

Sur la période de janvier à juin, Airbus a accusé une perte nette consolidée de 1,9 milliard d'euros, contre un bénéfice de 1,2 milliard d'euros un an plus tôt.

Le groupe a publié un résultat opérationnel (Ebit) ajusté, mesure clef de la rentabilité du groupe, de -945 millions d'euros sur les six premiers mois de l'année, contre un Ebit ajusté de 2,5 milliards d'euros au premier semestre 2019. Le premier semestre 2020 a été pénalisé par la chute des des performances de la division aéronautique civile, fortement touchée par la crise sanitaire.

Au premier semestre, cette division a livré 196 avions commerciaux, contre 389 sur la même période de 2019. Face à l'effondrement du trafic aérien qui affecte fortement les compagnies aériennes, principales clientes du groupe, Airbus a décidé début avril de réduire d'un tiers les cadences de production de sa division d'aéronautique civile. Le groupe a indiqué jeudi qu'il avait encore légèrement réduit le rythme de production de l'A350 de six à cinq appareils par mois. L'Ebit ajusté a également intégré une charge de 900 millions d'euros liée au Covid-19, a indiqué Airbus.

Le chiffre d'affaires semestriel du groupe s'est établi à 18,95 milliards d'euros, en baisse de 39% sur un an.

Sur l'ensemble du premier semestre, le flux de trésorerie disponible avant fusions et acquisitions et financements clients s'est inscrit à -12,4 milliards d'euros au premier semestre, contre -4 milliards d'euros un an plus tôt. Cette sortie de cash est notamment due au paiement des amendes de 3,6 milliards d'euros qu'Airbus a accepté de régler pour clore des poursuites pour corruption en France, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Pour affronter la crise qui ravage l'ensemble de son secteur, Airbus a annoncé fin juin une restructuration prévoyant environ 15.000 suppressions de postes d'ici, au plus tard, l'été 2021. Le processus d'information et de consultation lié à cette restructuration a débuté en vue de conclure des accords dont la mise en oeuvre commencera à l'automne 2020. Ces discussions "progressent assez rapidement" car "tout le monde comprend l'urgence de la situation", a affirmé Guillaume Faury lors d'une conférence téléphonique.

Cette restructuration donnera lieu à une provision qu'Airbus évalue actuellement entre 1,2 milliard et 1,6 milliard d'euros.

Ne pas brûler de trésorerie au second semestre

Airbus n'a pas fourni de nouvelles prévisions pour l'ensemble de l'année 2020, évoquant "une visibilité limitée", en particulier sur la situation des livraisons. Le groupe aéronautique avait abandonné en mars ses objectifs pour 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.

Guillaume Faury a toutefois indiqué que l'ambition du groupe était "de ne pas consommer de trésorerie avant fusions et acquisitions et financements-clients au deuxième semestre 2020". "Nous allons continuer à nous focaliser sur le cash", a-t-il déclaré.

Pour parvenir à limiter sa consommation de trésorerie, Airbus va ajuster l'ensemble de son appareil productif pour limiter le besoin en fonds de roulement et va également bénéficier de davantage des mesures de soutien de chômage partiel de la part de différents Etats. Le directeur financier d'Airbus, Dominik Asam, a indiqué que ces mesures avaient eu un impact d'environ 500 millions d'euros au premier semestre, et leur effet devrait être encore plus fort au second semestre.

Interrogé sur une éventuelle hausse des cadences de production, Guillaume Faury a indiqué que le groupe les remonterait progressivement "quand nous aurons suffisamment de visibilité, ce qui n'arrivera pas fin 2020 ni début 2021". D'ici là, Airbus ne procédera qu'à d'éventuels "ajustements mineurs", a-t-il expliqué. Guillaume Faury a cependent jugé qu'il était "probable" que la production de monocouloirs puisse repartir à la hausse autour de 2022. "Cela prendra plus de temps pour les gros porteurs", a-t-il ajouté.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV

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