PARIS (Reuters) - Dassault Aviation et Airbus ont transmis une "offre" aux trois Etats participant au projet de futur avion de combat européen en vue de réaliser un démonstrateur dans le cadre du Système de combat aérien du futur (SCAF), a déclaré vendredi le cabinet de la ministre française des Armées.

Le cabinet de Florence Parly précise que les négociations entre les industriels et les Etats concernés (France, Allemagne et Espagne) "se poursuivent toujours" pour convenir du partage des tâches sur l'ensemble du projet SCAF.

"Les Etats ont reçu une offre des industriels concernés pour la réalisation d'un démonstrateur d'un nouvel avion de combat", qui doit voler en 2026 et dont le financement n'est pas encore assuré, indique le cabinet de la ministre.

"L'objectif partagé par tous les acteurs est d'aboutir à la contractualisation prochaine de la phase suivante du projet."

Cette précision fait suite à des informations publiées en premier sur le site internet du journal La Tribune évoquant un accord de principe entre les constructeurs français Dassault Aviation et européen Airbus, ce dernier représentant sur ce projet les intérêts allemands et espagnols.

Une source avait confirmé un peu plus tôt à Reuters qu'une proposition avait été formulée par les industriels et précisé que les discussions se poursuivaient au niveau politique.

Le SCAF, projet lancé en 2017 par la France et l'Allemagne à un moment où l'Union européenne était fragilisée par la décision des Britanniques de quitter le bloc, a attisé les tensions entre Paris et Berlin sur fond d'approches divergentes et de rivalités entre constructeurs, ont déclaré en février à Reuters des sources sécuritaires et industrielles.

Paris et Berlin s'étaient entendus en 2019 sur un partage des tâches à 50%-50% entre Dassault, désigné maître d'oeuvre en raison de son expertise, et Airbus, qui représentait à l'époque la seule partie allemande.

Mais les négociations ont été rouvertes après l'arrivée de Madrid et de nouvelles exigences de Berlin, les discussions portant notamment sur le partage du travail et les droits de propriété intellectuelle.

Début mars, le PDG de Dassault, Eric Trappier, avait fait savoir que le constructeur aéronautique travaillait sur un "plan B" en cas d'abandon du SCAF, qui doit commencer à remplacer les Rafale français et Eurofighter allemands à l'horizon 2040 et permettre à l'Europe d'assurer sa propre défense.

Pour que le démonstrateur de vol puisse être construit dans les délais impartis, soit d'ici 2026 selon le calendrier retenu, une nouvelle tranche de financement de plusieurs milliards d'euros doit être votée par le Bundestag avant la fin de la session parlementaire actuelle, en juin, et la tenue d'élections législatives en Allemagne en septembre.

Le projet SCAF, d'un coût estimé à 100 milliards d'euros et auquel participent également Safran, MTU Aeor Engines, MBDA et Thales SA, comprend un chasseur, des drones et un "Air Combat Cloud".

Le futur chasseur pourrait avoir au moins un concurrent européen, le Tempest, dont le Royaume-Uni a annoncé le développement par BAE Systems, le groupe italien Leonardo et le constructeur suédois Saab.

Le PDG de Dassault a indiqué le mois dernier qu'une fusion des projets SCAF et Tempest n'était pas à l'ordre du jour.

(Tangi Salaün et Laurence Frost, avec Claude Chendjou et Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)