Ces avions - quatre A320neo et deux A321neo - seront à disposition de leurs potentiels acquéreurs au mois de juin en France ou en Allemagne avec les équipements optionnels commandés par AirAsia, selon un document confidentiel auquel Reuters a eu accès.

"Nous ne révélons pas et nous ne commentons pas les calendriers de livraison de nos clients", a déclaré un porte-parole d'Airbus. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès d'AirAsia, la plus grande compagnie aérienne à bas coûts d'Asie.

Le mois dernier, l'avionneur européen avait rapporté que de nombreuses compagnies aériennes lui demandaient de différer des livraisons prévues mais ajoutait n'avoir reçu aucune annulation directe de commande du fait de la pandémie qui a quasiment paralysé le transport aérien.

Vendre de la sorte des avions qui ne peuvent pas être livrés à leur acheteur initial - le secteur parle de ventes "pop-up" - n'est pas une nouveauté.

Mais des sources du secteur soulignent en revanche qu'il est rare que des contrats impliquant des clients aussi importants qu'AirAsia aboutissent à ce genre de ventes, souvent à prix bradé, qui témoignent d'une rupture dans les relations avec un acheteur, le vendeur conservant généralement l'acompte déjà versé.

"C'est une décision rude", dit l'une de ces sources, même si Airbus n'a pas dit s'il avait conservé l'acompte versé pour ces six avions.

En recourant à cette pratique, Airbus prend un premier risque: celui d'inciter d'autres compagnies aériennes à renoncer à prendre livraison d'avions commandés. Airbus dispose en stock de 60 appareils déjà construits mais qui ne peuvent pas être livrés, en partie pour des raisons logistiques.

Le second risque auquel Airbus s'expose, c'est de provoquer lui-même une baisse du prix plancher de ses appareils. "Nous parlons d'une petite communauté, et le résultat de ces appels d'offre finit souvent par sortir", confie une source proche de ces adjudications.

A l'inverse, Airbus n'a guère d'autre choix que de tenter de récupérer une partie des sommes dépensées pour produire ces appareils (les avions en question valent autour de 110-130 millions de dollars prix catalogue, moitié moins après les remises classiques accordées en temps normal aux acheteurs).

Même si le secteur du transport aérien est sinistré, la vente "pop-up" de ces six Airbus pourrait attirer certains acquéreurs. Ryanair a indiqué la semaine dernière que la période pourrait être propice à l'achat d'avions. Wizz Air a annoncé vouloir compléter sa flotte.

(Tim Hepher et Liz Lee; version française Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)