PARIS (Reuters) - Airbus est parvenu à surmonter les difficultés liées à sa chaîne d'approvisionnement, confirmant ainsi sa prévision, très suivie, de 600 livraisons d'avions cette année en dépit des premiers signes de pénurie de main d'oeuvre au sortir de la pandémie de coronavirus.

Fort de ces résultats, le titre Airbus gagnait 1,4% à 111,56 euros à 10h33, enregistrant ainsi l'une des plus fortes progressions du CAC 40 (+0,08%).

Le groupe a relevé jeudi ses objectifs financiers annuels après des résultats meilleurs que prévu au troisième trimestre, balayant les critiques d'acteurs du secteur jugeant ses prévisions de production trop optimistes.

Selon le président exécutif, Guillaume Faury, le groupe est sur la bonne voie pour revenir à ses niveaux de production d'avant crise, après avoir temporisé pendant 15 mois afin d'éviter une surproduction d'appareils au moment où le transport aérien traversait la pire crise de son histoire.

"Nous observons des pénuries de main-d'oeuvre dans le monde entier, qui ont un impact sur tous les secteurs", a-t-il déclaré à la presse. "Nous montant en puissance et nous voyons bien toutes les difficultés pour sortir de cette sorte de phase d'hibernation."

Airbus dit avoir parfois du mal à se faire livrer à temps certaines pièces, ce qui explique le plafonnement récent des livraisons, qui n'a selon lui pas vocation à durer.

Le plus grand constructeur aéronautique civil mondial a accusé une baisse de 19% de son bénéfice d'exploitation au troisième trimestre, à 666 millions d'euros, alors que son chiffre d'affaires a diminué de 6% à 10,518 milliards d'euros.

Il a indiqué viser pour l'ensemble de l'année un bénéfice d'exploitation de 4,5 milliards et un flux de trésorerie disponible de 2,5 milliards, contre respectivement 4 milliards et 2 milliards précédemment.

Les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice d'exploitation trimestriel de 623 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 10,651 milliards, selon un consensus établi par la société.

OBJECTIFS DE PRODUCTION MAINTENUS

Airbus a ajusté son principal objectif de production d'avions monocouloirs de la famille A320 à 65 par mois d'ici l'été 2023, soit un peu plus tard que prévu initialement.

En mai, Airbus avait indiqué demander à ses fournisseurs de garantir un rythme de production ferme de 64 appareils par mois d'ici le deuxième trimestre 2023.

Le groupe a indiqué percevoir les signes d'une reprise du transport aérien, en particulier en ce qui concerne la catégorie de son moyen-courrier A320, concurrent du Boeing 737.

Il a confirmé son ambition de porter ses cadences jusqu'à 75 appareils par mois d'ici 2025. Des motoristes et les loueurs ont manifesté leurs réticences, estimant que ce projet pouvait se traduire par une surchauffe du marché et pénaliser leurs propres activités, qui dépendent fortement de la durée de vie des avions plus anciens.

"Nous savons qu'il y a beaucoup d'opinions à ce sujet, mais nous avons nos propres opinions, et notre propre opinion est que la demande soutient le taux de 75, mais nous devons examiner la situation de la chaîne d'approvisionnement", a déclaré le président exécutif d'Airbus.

"Nous n'en sommes pas encore là, mais nous continuons à voir une très forte demande sur le marché et nous voulons servir cette demande à l'avenir."

Concernant d'autres programmes, Airbus prévoit d'augmenter la production d'A330 de deux par mois actuellement à près de trois fin 2022. Il a confirmé par ailleurs vouloir porter la production du nouveau gros porteur A350 de cinq à six par mois, mais a reporté sa mise en oeuvre de l'automne 2022 au début de 2023.

(Tim Hepher, version française Jean-Michel Bélot, édité par Blandine Hénault)

par Tim Hepher