Paris (awp/afp) - Les incertitudes provoquées par l'évolution de l'épidémie de Covid-19 conduisent à la prudence: Airbus a annoncé jeudi qu'il tablait toujours en 2021 sur une augmentation des cadences de production de son produit-phare, l'A320, mais à un rythme "plus lent" qu'il ne l'envisageait initialement.

Si l'arrivée des vaccins éclaircit l'horizon, les rebonds épidémiques et l'apparition de variants soupçonnés d'être plus contagieux provoquent des rechutes du transport aérien sous l'effet des restrictions de voyages et fermetures de frontières.

Malgré des livraisons d'avions en chute d'un tiers en 2020, avec 566 appareils contre 863 l'année précédente, le président d'Airbus Guillaume Faury se dit "prudemment optimiste" pour 2021.

Airbus va donc augmenter les cadences de production de ses monocouloirs et passer de 40 avions de la famille A320 par mois (A319, A320 et A321) à 43 au troisième trimestre et 45 au quatrième trimestre 2021, a annoncé jeudi l'avionneur dans un communiqué.

Mais "ce nouveau plan de production représente une montée en cadence plus lente que les 47 avions par mois initialement envisagés à partir de juillet", précise-t-il.

Face à l'effondrement du secteur, qui ne devrait retrouver son niveau de 2019 qu'entre 2023 et 2025, Airbus a baissé ses cadences de production dès avril dernier à 40 A320 par mois, alors qu'il tablait avant la crise sur 63 appareils par mois en 2021.

Cette baisse de charge a conduit Airbus à annoncer la suppression de 15.000 postes dans le monde, dont 5.100 en Allemagne et 5.000 en France, et à recourir au chômage partiel. Elle a eu des répercussions sur toute la filière de sous-traitants.

Les cadences de production pour l'A220 produit sur les sites de Mirabel (Canada) et de Mobile (Etats-Unis) passeront quant à elles "de quatre à cinq avions par mois à partir de la fin du premier trimestre 2021, comme envisagé précédemment", ajoute l'avionneur.

"Protéger sa capacité à s'adapter"

La reprise du trafic aérien devrait d'abord concerner le vols intérieurs et continentaux, auxquels l'A320 et l'A220 sont destinés, les vols long-courriers desservis par des gros porteurs étant plus touchés.

La production de ces derniers "devrait rester stable", avec cinq A350 et deux A330 par mois, selon Airbus, pour qui "cette décision repousse une potentielle augmentation de cadence pour l'A350 à une date ultérieure".

Selon l'avionneur européen, "ces cadences révisées permettent à Airbus de rester en mesure de répondre à la demande des clients tout en protégeant sa capacité à s'adapter à l'évolution du marché mondial".

Il dispose de plusieurs années de production devant lui: son carnet de commandes s'établissait fin décembre à 7.184 appareils, dont 5.885 avions de la famille A320.

En 2020, le trafic aérien mondial a chuté de 60%, retombant au niveau de 2003 avec 1,8 milliard de passagers selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Si la baisse était de 50% sur les vols intérieurs, elle a atteint 74% sur les vols internationaux.

Elle va se poursuivre pour le trimestre en cours et pourrait même s'aggraver, avertit l'agence basée à Montréal.

Boeing, qui produisait 52 737 MAX par mois avant que l'avion ne soit cloué au sol en mars 2019 à la suite de deux accidents, envisage lui aussi une lente remontée en puissance de sa production avec 31 appareils mensuels début 2022.

afp/rp