Toulouse (awp/afp) - Il ne devrait finalement pas y avoir, en France, de licenciements secs chez Airbus, selon les syndicats. L'absence de départ contraint était une ligne rouge depuis l'annonce en juin de 15.000 suppressions de postes, dont 5.000 en France, chez l'avionneur frappé par la crise née du coronavirus.

Après trois mois de négociations, un accord syndicats-direction dans le cadre du plan social (PSE) devait être paraphé lundi, mais le PSE ne sera bouclé que fin mars.

En juin, Airbus avait annoncé la suppression de 15.000 postes de travail au niveau mondial, dont 5.000 en France, l'entreprise basée dans l'agglomération de Toulouse ayant réduit ses cadences de production d'avions commerciaux de près de 40% du fait de la crise du transport aérien provoquée par la pandémie de Covid-19.

"Les moyens seront mis en oeuvre pour qu'il n'y ait pas de licenciements secs. C'était notre ligne rouge", déclare à l'AFP Dominique Delbouis, coordinateur FO (1er syndicat) au sein du Groupe Airbus.

Aides et Concessions

"L'objectif de zéro départs contraints est en ligne de mire et tout à fait atteignable, grâce aux différentes aides de l'Etat et quelques concessions de la direction, le résultat des négociations est là. Et ceux qui partiront, partiront dans de bonnes conditions", précise Florent Veletchy, le délégué CFTC, 3e syndicat du géant aéronautique.

Pour la CFE-CGC, 2e syndicat chez Airbus, le processus est "en bonne voie pour qu'il n'y ait aucun départ contraint".

La direction d'Airbus n'a pas souhaité s'exprimer avant la signature de l'accord.

Le 14 septembre, le personnel d'Airbus avait été glacé par l'annonce du directeur exécutif d'Airbus Guillaume Faury qui jugeait "peu probable que les départs volontaires suffisent" pour atteindre 15.000 suppressions de postes, dont 5.000 en France.

Les deux parties vont sceller un accord qui préserve 1.500 postes par le biais de l'Activité partielle longue durée (APLD), avec des pertes de salaires limitées.

D'autres mesures, comme les retraites anticipées (au moins 1.000), le dispositif Corac (Conseil pour la recherche aéronautique civile, 5 à 600 emplois), les départs pour créations d'entreprise (3 à 400), les départs à la retraite (400), "tout ça mis bout à bout, on arrive à l'objectif initial de zéro départ contraint", a détaillé le syndicaliste.

Au total, c'est 4.248 emplois qui étaient menacés chez Airbus avions, et plus de 700 chez Stelia et ATR, filiales de l'avionneur européen. Dans ces deux filiales, là encore, il ne devrait pas y avoir de licenciements secs.

Préserver le savoir-faire

Le secteur aérien reste sinistré. La reprise du trafic pendant l'été n'a pas été à la hauteur des attentes de l'avionneur mais les dirigeants d'Airbus "ont besoin de préserver les compétences, le savoir-faire, de fidéliser leurs ingénieurs, les compagnons, pour faire face aux défis du futur, ils savent bien qu'ils vont rebondir après la crise", note l'économiste industriel Gabriel Colletis.

"Le risque serait que, pour passer le cap des difficultés immédiates, Airbus reporte ses difficultés sur les sous-traitants. Les majors de la sous-traitance vont tenir le coup, mais les petites entreprises de 50 à 100 salariés risquent d'avoir des difficultés", avertit M. Colletis, professeur d'économie à l'Université Toulouse-1.

Même inquiétude pour le coordinateur FO chez Airbus. "Maintenant, souligne-t-il, on va pouvoir se consacrer à soutenir la filière de sous-traitance, pour minimiser l'impact de cette crise sur l'emploi".

Hors de France, Airbus a annoncé la suppression de 10.000 postes concentrés sur sa division d'avions commerciaux. En Allemagne, où Airbus dispose de quatre chaînes d'assemblage pour A320, le plan de l'avionneur en prévoit 5.100 mais le président exécutif d'Airbus a dit espérer pouvoir en sauver 2.000 à la faveur des mesures gouvernementales de chômage partiel et de soutien à la R&D.

Il prévoit de supprimer 1.700 postes au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1.300 dans le reste du monde.

afp/rp