par Tim Hepher
PARIS, 28 novembre (Reuters) - L'objectif de livraisons
d'Airbus pour cette année semble de plus en plus
difficile à atteindre selon des sources du secteur et des
données provisoires, mais les analystes estiment que les
actionnaires ne feraient sans doute pas un drame d'un raté, leur
attention étant tournée vers 2023.
Airbus a annoncé prévoir de livrer "environ 700" avions
civils en 2022, un objectif soumis à une incertitude de plus en
plus forte car il suppose un mois de décembre record et sans
aucun imprévu, a-t-on appris de sources du secteur.
"On a du mal à les voir atteindre les 700 livraisons" sur
l'ensemble de l'année, a ainsi déclaré à Reuters une source haut
placée dans la chaîne d'approvisionnement, ajoutant que les
avions en production affichaient en moyenne quatre mois de
retard sur le calendrier prévisionnel.
Plusieurs analystes rappellent cependant qu'Airbus est déjà
parvenu par le passé à atteindre des objectifs qui semblaient
très ambitieux.
Selon les chiffres les plus récents cités par le cabinet
d'analyse spécialisé Cirium, Airbus a délivré pour l'instant 536
avions depuis le 1er janvier, un chiffre qui implique 39 à 41
livraisons depuis début novembre.
Si l'on prend en compte quelques jours de délai dans la
comptabilisation des livraisons et les tout derniers jours du
mois, le total à fin novembre pourrait augmenter d'une dizaine
d'unités, ont précisé des sources.
Même ainsi, le mois de novembre se solderait donc par un
nombre d'avions livrés plus proche de 60 que de 70, note un
analyste, alors que des fournisseurs d'Airbus évoquent un
planning de production plus proche de 80.
Un porte-parole d'Airbus s'est refusé à tout commentaire sur
le sujet en attendant le point mensuel sur les livraisons prévu
le 8 décembre.
DÉJÀ DES TENSIONS ÉVOQUÉES POUR 2023
Sur les dix premiers mois de l'année, le groupe basé à
Toulouse a livré 495 avions si l'on prend en compte l'annulation
de la livraison de deux appareils en raison des sanctions
occidentales visant la Russie.
"Le marché accepterait très probablement un léger ratage
pour 2022, à environ 690 livraisons, mais le fond de l'histoire,
c'est ce que cela implique pour les livraisons de 2023", estime
Sash Tusa, analyste spécialisé d'Agency Partners.
Un deuxième analyste, qui a requis l'anonymat, a déclaré:
"S'il leur manque 10 avions, personne ne réagira, mais s'il en
manque 20, cela montrera que les choses ne se passent pas comme
elles le devraient."
Deux sources du secteur ont déclaré que certains loueurs
d'avions et d'autres acheteurs étaient de plus en plus fortement
encouragés à attendre la fin décembre pour certaines livraisons,
Airbus étant confrontés à de multiples tensions concernant les
réacteurs, les chaînes d'approvisionnement ou encore la
main-d'oeuvre.
Ces tensions pourraient amplifier la situation d'urgence
déjà souvent observées en toute fin d'année qui se traduit
parfois par des livraisons dans les toutes dernières heures de
décembre.
En Bourse de Paris, l'action Airbus perdait 5,01% à 108,12
euros à moins d'une heure de la clôture lundi, la plus forte
baisse de l'indice CAC 40, alors en repli de 0,43%.
Le titre souffre notamment des informations publiées
vendredi par Reuters selon lesquels l'avionneur prépare le
terrain à de nouveaux retards de livraison d'appareils
moyens-courrier l'an prochain.
Les investisseurs attendent d'Airbus des indications sur le
nombre d'avions qu'il prévoit de livrer en 2023. Un nombre
qu'ils estiment pour l'instant en moyenne à 820, écrit Chloe
Lemarie, analyste de Jefferies, en citant un consensus.
(Reportage Tim Hepher, version française Marc Angrand, édité
par Sophie Louet)