Paris (awp/afp) - L'explosion des prix du fret portée par la forte reprise mondiale profite à l'armateur français CMA CGM, qui a encore engrangé des milliards de dollars de bénéfices au troisième trimestre, à l'image des autres transporteurs maritimes mondiaux.

Après un premier semestre historique, le N°3 mondial du fret maritime a enregistré au troisième trimestre un chiffre d'affaires en hausse de 89,4% sur un an, à 15,3 milliards de dollars, et 5,6 milliards de bénéfice net, a annoncé sa direction vendredi. Cette performance est "nettement portée par les activités maritimes du groupe", a-t-elle expliqué.

Le N°1 mondial AP Moeller-Maersk a sextuplé ses bénéfices au troisième trimestre, à 5,438 milliard de dollars, dépassant les attentes des analystes.

La tension sur le transport maritime pour les biens de consommation, observée depuis l'été 2020, "devrait se poursuivre au moins jusqu'au premier semestre 2022", a souligné vendredi CMA CGM. Ce contexte devrait ainsi permettre au groupe marseillais de "réaliser une performance financière encore supérieure au 4e trimestre".

Ce contexte a permis en 2020 à CMA CGM de sortir d'une série d'exercices difficiles en affichant un bénéfice net de 1,755 milliard de dollars sur l'année. Depuis le début 2021, il a déjà enregistré 2 milliards de bénéfice au premier trimestre et 3,48 milliards au deuxième.

L'activité a pourtant légèrement ralenti: au troisième trimestre, les navires du groupe ont transporté 5,5 millions de conteneurs, soit une baisse de 2,5% sur un an, "du fait de la congestion affectant les terminaux portuaires et les chaînes logistiques terrestres qui se traduisent par un rallongement des temps de transit des navires". Mais cette baisse a été compensée par la hausse des tarifs du fret maritime.

Achat de navires et d'avions ___

Dès la fin 2020, le rebond des échanges internationaux s'est heurté à des problèmes logistiques, notamment à des pénuries d'équipements, de conteneurs et encombrement des ports qui allongent les délais d'attente, entraînant une augmentation des coûts du transport maritime.

La Cnuced, un groupe de réflexion des Nations unies, a averti jeudi que ces phénomènes, s'ils venaient à se maintenir, risquaient d'entraîner une augmentation significative des prix à l'importation et à la consommation, affectant surtout les Etats insulaires et les économies les moins avancées.

CMA CGM a décidé début septembre de stopper toute nouvelle augmentation des taux de fret "spot", soit sur des bateaux prêts à partir, jusqu'au 1er février 2022.

Avec ces bénéfices, le groupe aux 110.000 salariés a poursuivi "le renforcement de sa structure financière", abaissant son endettement net à 11,9 milliards de dollars au 30 septembre (-4,9 milliards en neuf mois).

Le groupe, qui s'est diversifié dans la logistique avec l'intégration du suisse Ceva Logistics, a aussi investi 7,3 milliards de dollars "pour renforcer son outil industriel maritime, portuaire et aérien", "afin de faire face aux fortes tensions sur les chaînes d'approvisionnement et accompagner la croissance du marché du transport dans les années à venir".

L'armateur a notamment annoncé vendredi un protocole d'accord avec Airbus pour acheter quatre A350F, nouvelle version cargo du gros porteur de l'avionneur européen, pour sa nouvelle compagnie de fret aérien Air Cargo, qui sera basée à l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle.

La CMA CGM a aussi acheté 10 navires neufs en propriété, de 49 navires d'occasion, et de 800.000 conteneurs supplémentaires, augmentant ainsi de 5,9% ses capacités de transport maritime entre septembre 2020 et septembre 2021.

La compagnie a enfin signé l'acquisition de 90% du terminal Fenix Marine Services de Los Angeles, et un accord de concession de 35 ans pour le nouveau terminal à conteneurs du port de Khalifa à Abu Dhabi.

afp/rp