* Des débris retrouvés au sud de la Crète

* 66 personnes se trouvaient à bord, dont 15 passagers français

* Aucune hypothèse écartée, y compris celle du terrorisme (Ajoute démenti sur l'épave §3, marine française §8, images satellite US §9)

par Lin Noueihed et George Georgiopoulos

LE CAIRE/ATHENES/PARIS, 19 mai (Reuters) - L'Airbus A320 d'EgyptAir qui a disparu dans la nuit de mercredi à jeudi entre Paris et Le Caire s'est abîmé en Méditerranée, a déclaré le président français François Hollande, et la Grèce a annoncé avoir retrouvé des débris en mer.

De sources proches du ministère grec de la Défense, on dément cependant la découverte de débris blanc et bleu aux couleurs d'Egyptair, contrairement aux déclarations de l'ambassadeur d'Egypte à Paris, Ehad Badawy.

Le vice-président d'Egyptair, Ahmed Adel, est également revenu sur les déclarations qu'il avait faites sur CNN en annonçant la découverte de l'épave. "L'épave n'est pas celle de notre appareil. Au temps pour nous", a-t-il dit, selon CNN.

Des responsables grecs avaient auparavant déclaré que des pièces en plastique et deux gilets de sauvetage avaient été retrouvés flottant à environ 370 km au sud de la Crète.

Athènes a expliqué que l'appareil, qui transportait 66 personnes, avait effectué plusieurs virages brusques avant de décrocher de son altitude de croisière et de disparaître des écrans radar. Les autorités égyptiennes n'excluent aucune hypothèse, y compris celle d'un acte terroriste.

Le Premier ministre égyptien, Cherif Ismaïl, a déclaré qu'il était trop tôt pour avancer la moindre explication, y compris celle d'un attentat comparable à celui qui a provoqué l'an dernier la chute d'un avion russe peu après son décollage d'Egypte, tuant 224 personnes.

Mais son ministre de l'Aviation civile, Cherif Fathi, a dit pour sa part que l'hypothèse d'un acte terroriste était plus probable que celle d'une défaillance technique.

Les Etats-Unis et la France se sont associés aux recherches, Paris dépêchant sur la zone un Falcon 50 de reconnaissance jusqu'alors assigné à la mission européenne de lutte contre le trafic illicite de migrants en Méditerranée. La marine française devait également envoyer un avion plus grand, un Atlantique 2, et un navire de patrouille.

 

VIRAGES BRUSQUES ET DESCENTE RAPIDE

L'examen par les Etats-Unis des images par satellite n'a pour l'instant montré aucune trace d'explosion en vol, ont indiqué de nombreuses sources autorisées à Washington.

A Paris, le parquet a ouvert une enquête sur la disparition du vol MS804.

"Les informations que nous avons pu recueillir () nous confirment hélas que cet avion s'est abîmé et s'est perdu", a dit François Hollande. "Aucune hypothèse n'est écartée, aucune n'est privilégiée."

Une cellule de crise a été mise en place à Paris et à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, duquel il avait décollé à 23h09 (21h09 GMT).

A Athènes, le ministre grec de la Défense a expliqué que l'appareil avait viré à 90 degrés à gauche avant de faire un tour complet sur la droite. L'avion est ensuite rapidement tombé de 37.000 à 15.000 pieds (de 11.470 à 4.650 mètres) avant de disparaître des radars, a-t-il précisé.

L'A320 transportait 56 passagers, sept membres d'équipage et trois agents de sécurité égyptiens. Parmi les passagers - dont deux bébés et un enfant - figuraient 30 Égyptiens, 15 Français, et des ressortissants de dix autres pays, a précisé EgyptAir.

Au Caire, les familles des passagers et des membres d'équipage ont été prises en charge dans une zone d'attente fermée au public.

 

DES APPELS MULTIPLES SANS RÉPONSE

EgyptAir a précisé sur Twitter que le contact avait été perdu à 02h30 alors que l'appareil se trouvait à 280 km de la côte égyptienne et qu'il devait atterrir à 03h15. "Il n'y avait rien d'anormal", a déclaré à Reuters Ahmed Adel, vice-président de la compagnie.

Les contrôleurs aériens ont discuté avec le pilote de l'appareil alors que celui-ci survolait l'île de Kéa et il n'a alors fait état d'aucun problème. Mais juste après l'entrée de l'Airbus dans la zone de contrôle aérien dépendant du Caire, les appels sont restés sans réponse puis il a disparu des radars peu avant de sortir de l'espace aérien grec, a expliqué à Reuters Kostas Litzerakis, le directeur de l'aviation civile grecque.

"Pendant la procédure de transfert à l'espace aérien du Caire, environ sept milles avant que l'avion n'entre dans l'espace aérien du Caire, les contrôleurs grecs ont essayé de contacter le pilote mais il ne répondait pas", a-t-il dit.

Le temps était clair au moment de la disparition, d'après les bulletins météo.

Airbus a déclaré que l'appareil, un A320 équipé de réacteurs Pratt & Whitney, avait été livré à EgyptAir en novembre 2003 et qu'il comptait quelque 48.000 heures de vol. Le pilote avait environ 6.275 heures d'expérience, dont 2.101 sur A320, et le copilote 2.766 heures, a précisé de son côté EgyptAir.

La compagnie a déclaré en début de journée que l'appareil avait envoyé un signal de détresse à 04h26, deux heures après sa disparition des écrans radar, mais le ministre égyptien de l'Aviation civile a déclaré qu'après vérifications, aucun SOS n'avait été reçu.

 

ENQUÊTE INTERNATIONALE

Conformément aux règles édictées par l'Onu, Le Caire aura la responsabilité de l'enquête avec l'assistance de plusieurs pays concernés, dont la France, où l'avion a été assemblé, et les Etats-Unis, où est basé Pratt & Whitney.

Le secrétaire d'Etat aux Transports français, Alain Vidalies, a annoncé sur RTL que trois membres du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et un expert d'Airbus se rendaient au Caire dès jeudi soir.

Un Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet s'est écrasé le 31 octobre dernier dans la péninsule du Sinaï, en Egypte, avec 224 personnes à bord, qui ont toutes péri dans la catastrophe. L'avion avait décollé de la station balnéaire égyptienne de Charm el Cheikh, au bord de la mer Rouge, à destination de Saint-Pétersbourg, en Russie.

La Russie et les gouvernements occidentaux ont déclaré que l'appareil avait sans doute été détruit par une bombe, et le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a affirmé avoir introduit des explosifs à bord avant le décollage.

En mars, un avion d'EgyptAir assurant la liaison entre Alexandrie et Le Caire a été détourné par un homme qui, selon les autorités, portait une ceinture d'explosifs factice. L'individu, qui avait contraint l'avion à se poser à Chypre, s'était rendu aux autorités peu après l'atterrissage. (avec Ahmed Aboulenein, Amina Ismail, Ali Abdelatti, Mostafa Hashem, Asma Alsharif, Eric Knecht, Victoria Bryan, Siva Govindasamy, Sophie Louet, Tim Hepher, Michele Kambas, Lefteris Papadimas, Renee Maltezou, Brian Love, Miral Fahmy, Cyril Altmeyer, Elizabeth Pineau et John Irish; Eric Faye, Jean-Philippe Lefief, Jean-Baptiste Vey, Marc Angrand, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : General Electric Company, Airbus Group