Genève(awp) - La Suisse va continuer à jouer un rôle clef pour Alcon, estime le patron du géant des produits et dispositifs ophtalmiques, David Endicott. L'ex-filiale de Novartis, désormais indépendante du laboratoire pharmaceutique bâlois, entend créer de nouveaux emplois à son siège international de Genève, en particulier dans les domaines des finances, de la fiscalité et des infrastructures.

Ces tâches, nées de l'externalisation d'Alcon, nécessitent du personnel, a expliqué M. Endicott dans une interview accordée à l'agence AWP. Pour l'heure, le nombre de postes qui doivent être créés au bout du lac n'est pas encore fixé. En Suisse, l'entreprise emploie actuellement 300 salariés dans le canton de Fribourg et dispose d'un site de production pour des équipements chirurgicaux à Schaffhouse.

Depuis l'indépendance de la société et son entrée en Bourse au début du mois dernier, sa situation a beaucoup changé, explique M. Endicott. En tant que filiale de Novartis, Alcon exerçait une fonction de soutien au sein du géant bâlois de la pharmacie et ne disposait d'une marge de manoeuvre complète. La remarque ne doit cependant pas être considérée comme un reproche à Novartis, ajoute le patron du groupe aux origines américaines mais en mains helvétiques depuis 40 ans.

Novartis avait pour mémoire acquis Alcon à Nestlé en 2008, le géant veveysan de l'alimentation s'étant pour sa part emparé de l'entreprise américaine en 1978. A la faveur de son indépendance retrouvée, Alcon peut se focaliser sur ses besoins spécifiques et y consacrer ses bénéfices. Mais Novartis a beaucoup fait ces dernières années pour la firme, investissant dans cette dernière de sorte qu'elle est parvenue à améliorer sa performance.

Poursuite des acquisitions

Alcon a clairement renoué avec la croissance en matière de ventes. Malgré une dette de 3 milliards de dollars (soit à peu près autant en francs suisses), le groupe veut poursuivre ses investissements. Alors que son activité génère d'importantes liquidités, l'entreprise ne vise pas en priorité la réduction rapide de son endettement. Outre des acquisitions, notamment en vue d'accéder à de nouvelles technologies, la société veut aussi renforcer ses marques.

Ces trois dernières années, Alcon a opéré une vingtaine d'acquisitions, y consacrant pour chacune des montants entre 50 et 300 millions de dollars, note M. Endicott. Les sociétés acquises ont permis de développer le portefeuille produits et "nous escomptons poursuivre nos efforts dans cette même direction".

Alcon entend aussi se concentrer sur les marchés émergents, ceux-ci gagnant en signification à la faveur d'une croissance à deux chiffres, poursuit l'Américain. Ce dernier se dit d'ailleurs particulièrement ravi de l'évolution des activités en Chine et au Brésil. "Les affaires ne sont pas mauvaises non plus en Russie et en Inde".

Côté objectifs, M. Endicott rappelle que l'entreprise entend afficher une croissance annuelle de ses ventes supérieure à la moyenne de 4% attendue pour son marché. Alcon réalise une importante part de ses affaires avec des produits relativement anciens, en particulier pour la division Vision Care, le lancement le plus récent remontant à six ans. A ce titre, la société se révèle moins performante que la concurrence et il lui est difficile de gagner des parts de marché.

Mais de nouveaux produits sont en phase de développement. Il faudra cependant encore attendre avant que ceux-ci puissent afficher une croissance supérieure à la moyenne. Alcon devrait néanmoins parvenir à étoffer ses revenus d'environ 5% par an d'ici 2023, relève M. Endicott.

(L'interview est disponible dans son intégralité dans le service premium d'AWP en langue allemande)

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