Le dossier Alstom est un cas très intéressant. Les carnets de commandes sont pleins, le développement du ferroviaire est poussé par de nombreux gouvernements pour décarboner les transports, mais le titre a connu un parcours boursier chaotique ces dernières années, souvent évoqué dans ces colonnes. La faute à l’intégration difficile de Bombardier, au poids d’une dette élevée, et à une efficacité opérationnelle qui laisse à désirer. Alstom a ainsi brulé 2 milliards de cash sur les 4 dernières années. Résultat, un cours de Bourse qui plonge de 70% entre début 2020 et mi-mars 2024, moment de la sortie d’Alstom du CAC 40.

Le clap de fin pour Alstom ? Pas du tout puisque depuis cette date Alstom a repris… presque 70%. A cet instant, je sais que les plus forts en maths me diront que -70% suivi de +70%, ça ne fait pas un retour à la case départ mais saluons quand même cette belle remontada. En effet, grâce à une augmentation de capital d'1 milliard d’euros, un plan de désendettement et une valorisation qui a un train d’avance, Alstom a signé en 2024 la meilleure performance du SBF 120.

Un bon trimestre

L'équipementier ferroviaire a publié mardi un chiffre d'affaires en hausse au titre du troisième trimestre de son exercice décalé. Sur la période d'octobre à décembre, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 4,67 milliards d'euros (contre un consensus Factset à 4.33 milliards d’euros), en hausse de 9,8% à périmètre et taux de change constants.

Si les commandes sont en repli sur un an, et en-dessous des attentes des analystes, cela s’inscrit dans la stratégie d’Alstom de privilégier la qualité des contrats aux volumes. En effet Alstom avait hérité de contrats peu rentables avec le rachat du Canadien Bombardier. Cette stratégie est d’autant plus pertinente que le carnet de commandes est déjà bien rempli. Il atteint 94.7 milliards d’euros ; ce qui représente environ cinq années de chiffre d’affaires.

Perspectives encourageantes… mais déjà dans les prix ?

Les perspectives d’Alstom pour 2025 sont encourageantes : une demande soutenue notamment pour les activités de service et de signalisation, la fin de l’intégration de Bombardier et un ratio de prise de commandes sur chiffre d’affaires supérieur à 1.

Sur le plan financier, Alstom prévoit une croissance organique du chiffre d’affaires de 5%, le retour à un free cash-flow positif, de l’ordre de 300 à 500 millions d’euros. Et la dette nette devrait être divisée par plus de deux à fin 2025 par rapport à fin 2024.

Pour l’heure, les analystes de Zonebourse restent prudents et seront attentifs au risque d’exécution, notamment en ce qui concerne la hausse de la production de matériels roulants. Celle-ci dépendra de la capacité d’Alstom à faire face aux contraintes sur sa chaine d’approvisionnement. Et les années récentes nous ont montré que de nombreux chocs externes pouvaient mettre à mal les chaines d’approvisionnement.