Si j'étais Alstom, j'arrêterais d'annoncer des contrats et des innovations. Le groupe vient d'enchaîner huit séances consécutives dans le rouge, passant de 38 EUR à près de 33 EUR en moins de deux semaines. L'action évolue même au plus bas depuis le plongeon du mois de mars 2020, non loin de sa pire clôture de l'époque, à 32,15 EUR. Mobilité propre, hydrogène, transports collectifs urbains, industrie locale, carnet de commandes bien garni, résultats et perspectives honorables... Le groupe coche pourtant pas mal de cases. Mais pas celle de la performance boursière.
Depuis une semaine, l'entreprise a pourtant annoncé un contrat de 500 M€ pour des trains de banlieue en Allemagne, un autre de 115 M€ pour des tramways à Lyon et la première sortie de son train à hydrogène Coradia Lint en France. Les entrées de commandes du 1er trimestre fiscal (mars à juin) avaient atteint des records (6,4 Mds€). Insuffisant pour le marché qui ne s'est toujours pas remis de l'annonce, début juillet, d'objectifs de moyen terme inférieurs aux attentes, en particulier parce que l'intégration du concurrent Bombardier Transport, racheté récemment, sera plus compliquée que prévu.
Le statut de gendre idéal d'Alstom – un dossier parfaitement calibré pour intégrer toutes les sélections ESG de la planète – a fait enfler sa valorisation à plusieurs reprises, mais les gains sont toujours restés sans lendemain sur la période récente. Il faut dire qu'à 45 fois les résultats réalisés sur l'exercice clos le 31 mars dernier, et 38 fois ceux de l'exercice en cours, le titre n'est pas donné. En revanche, si le plan stratégique est déroulé comme prévu, le PER de l'exercice 2023/2024 doit redescendre à 13 fois. Un niveau beaucoup plus raisonnable pour une entreprise qui, en avalant l'un de ses trois principaux concurrents, a conforté sa position oligopolistique sur le marché occidental de la mobilité collective terrestre et amélioré sa capacité de résistance à l'ogre chinois CRRC.
En 2021, la mobilité verte fait surtout recette dans les stratégies marketing, mais moins en bourse
Le bon vieil adage boursier recommande de ne pas attraper un couteau qui tombe. Mais rien n'empêche de surveiller son évolution de près, au cas où. Actuellement, le dossier affiche une valorisation élevée et des révisions récentes de perspectives baissières, qui font tâche dans le bilan des notations Zonebourse. Un sentiment renforcé par la disparité des avis des analystes, même si l'histoire a démontré que ce paramètre n'est pas forcément un signal négatif.
Alstom figure parmi les principaux fabricants mondiaux d'infrastructures destinées au secteur du transport ferroviaire. Le CA par famille de produits et services se répartit comme suit :
- matériels roulants (53,2%) : trains, tramways et locomotives ;
- services ferroviaires (23,1%) : services de maintenance, de modernisation, de gestion des pièces détachées, de support et d'assistance technique ;
- systèmes de signalisation, d'information et de contrôle (14,7%) ;
- infrastructures ferroviaires (9%) : infrastructures dédiées à la pose des voies, systèmes d'alimentation électrique des lignes, équipements électromécaniques (dispositifs de télécommunication et d'information des voyageurs en station, bornes d'achats automatiques de billets, accès aux escalators, ascenseurs pour handicapés, portes palières automatiques sur les quais, systèmes de ventilation, de climatisation et d'éclairage).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (15,4%), Europe (44,8%), Amériques (17,2%), Asie-Pacifique (14,4%) et Moyen Orient-Afrique-Asie centrale (8,2%).