C’est désormais officiel. Alstom a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec Bombardier et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour l’acquisition de Bombardier Transport, les activités ferroviaires du canadien Bombardier. Un tel rapprochement donnera naissance à un mastodonte, numéro deux mondial du secteur, avec un carnet de commandes d’environ 75 milliards d’euros et un chiffre d’affaires avoisinant les 16 milliards d’euros. Le prix d’acquisition sera compris entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros et sera payé en numéraire et en actions nouvellement émises par Alstom.

Après avoir progressé de 3,50 % lundi sur la place de Paris, Alstom abandonne 5,67 % à 47,42 euros ce matin.

" Bombardier Transport apportera à Alstom une complémentarité géographique et industrielle sur des marchés en croissance, ainsi que des plateformes technologiques additionnelles ", a commenté Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom.

Le groupe prévoit ainsi de générer 400 millions d'euros de synergies de coûts par an à partir de l'année 4 ou 5. L'opération devrait également conduire à une relution à deux chiffres du bénéfice net par action (BNPA) pour les actionnaires d'Alstom à partir de l'année 2 post-réalisation de l'opération.

Le deal reste soumis aux autorisations usuelles, et notamment celles des autorités antitrust. L'an dernier,  la Commission européenne avait apposé son veto à une tentative de rapprochement entre Alstom et l'allemand Siemens Mobility.  Deustche Bank estime à 50 % la probabilité de réalisation de l'opération cette fois.

Alstom se montre néanmoins confiant et anticipe une finalisation du rachat pour le premier semestre 2021. CDPQ deviendra alors le premier actionnaire d'Alstom avec environ 18% du capital, tandis que Bouygues pointera à près de 10%.

Ce matin, Deutsche Bank a relevé son objectif de cours de 43 à 48 euros sur le titre Alstom, tout en maintenant sa recommandation Conserver, jugeant le prix de l'acquisition attractif. L'opération permettra à Alstom de devenir le leader incontesté en Europe et de réduire l'écart avec le chinois CRRC à l'échelle mondiale, note l'analyste.

De son côté, JPMorgan a dégradé sa recommandation de Surpondérer à Neutre sur la valeur, tout en maintenant son objectif de cours de 47 euros. Le broker américain continue d'apprécier le dossier à moyen terme mais il préfère prendre ses bénéfices sur une valeur qui a bien progressé dernièrement et pour laquelle s'ouvre une période d'incertitude liée aux autorités antitrusts. L'analyste souligne en outre que la future augmentation de capital pourrait être l'occasion de revenir sur le titre avec une décote.