« Il semble que personne ne l'ait réellement », a déclaré Avi Greengart, analyste en chef chez Techsponential, qui a assisté à la présentation d'Alexa+. « Cela correspond au schéma habituel de nombreuses entreprises qui annoncent des services ou des produits lorsqu'ils sont presque prêts, mais pas tout à fait. Le dernier pas est beaucoup plus difficile à franchir qu'elles ne l'avaient prévu », a-t-il ajouté.
Dans une tentative finalement infructueuse pour localiser des utilisateurs réels d'Alexa+, Reuters a effectué des recherches sur des dizaines de sites d'information, YouTube, TikTok, X, BlueSky et les réseaux sociaux Instagram et Facebook de Meta, ainsi que sur Twitch, le site d'Amazon, et les avis sur les appareils à assistant vocal Echo publiés sur Amazon.com. Deux personnes ont déclaré sur Reddit avoir utilisé le service, mais n'ont pas fourni de preuves tangibles à Reuters et leur identité n'a pas pu être confirmée.
« Des centaines de milliers de clients ont désormais accès à Alexa+, bien sûr, certains sont des employés et leurs familles, mais la grande majorité sont des clients qui ont demandé un accès anticipé », a déclaré un porte-parole d'Amazon. Ce chiffre est en hausse par rapport aux quelque 100 000 utilisateurs signalés par Amazon le 1er mai.
Amazon n'a pas expliqué pourquoi il n'y avait pas d'avis ou de réactions vérifiables du public concernant ce nouveau service et a refusé de mettre à disposition des utilisateurs actifs d'Alexa+ pour une interview. L'entreprise n'exige pas de clause de confidentialité en échange de l'accès à Alexa+, a déclaré un porte-parole.
Le déploiement d'Alexa+ assisté par l'IA d'Amazon progresse lentement et le service a rencontré des difficultés pour répondre rapidement à certaines questions ou demandes, ont déclaré trois sources proches du dossier à Reuters. Il génère également parfois des informations inexactes ou inventées, comme d'autres modèles d'IA, et son fonctionnement est coûteux, ont indiqué ces personnes.
Accessible principalement via les téléviseurs Amazon et les appareils Echo, Alexa peut régler des minuteries, répondre à des requêtes de recherche et donner la météo si l'utilisateur le demande à voix haute. Bien que l'assistant vocal Siri d'Apple ait précédé Alexa de trois ans, c'est le service d'Amazon qui a véritablement propulsé l'acceptation des assistants vocaux.
La refonte qui a donné naissance à Alexa+ intégrant l'IA générative vise à revitaliser ce service vieux de dix ans et à aider Amazon à concurrencer les chatbots d'OpenAI, Meta et d'autres. Amazon a investi des milliards dans le développement d'Alexa depuis son lancement en 2014, mais le service n'est pas rentable et la vision d'une clientèle l'utilisant pour faire ses achats vocaux ne s'est jamais concrétisée.
Les entreprises technologiques s'appuient généralement sur un mélange d'analystes, de critiques de produits, d'influenceurs sur les réseaux sociaux et de journalistes pour faire connaître leurs derniers appareils ou services. Apple, considéré comme un maître du marketing, donne aux participants à ses événements de lancement un accès limité à ses iPhones ou ordinateurs portables pour les premières critiques, suivi rapidement d'un examen plus approfondi dans les jours ou les semaines suivant l'annonce. Amazon a elle-même donné aux critiques le temps de tester son nouvel appareil Kindle couleur lors d'un événement en octobre avant de le mettre en vente deux semaines plus tard. En septembre 2023, Amazon a présenté une version préliminaire de l'Alexa générative intégrant l'IA et a déclaré que les clients pourraient en avoir un « aperçu en avant-première » dans les semaines suivantes. Cela ne s'est jamais produit.
Alexa+ sera capable de répondre à plusieurs demandes consécutives et même d'agir en tant qu'« agent » pour le compte des utilisateurs en effectuant des actions à leur place sans leur intervention directe. Cela contraste avec la version actuelle, qui ne traite généralement qu'une seule demande à la fois. Lors de la conférence téléphonique sur les résultats du premier trimestre d'Amazon il y a deux semaines, Jassy a déclaré que plus de 100 000 personnes utilisaient déjà le nouveau service vocal et que « les gens apprécient vraiment Alexa+ jusqu'à présent ».
Americus Reed, professeur de marketing à la Wharton School de l'université de Pennsylvanie, a déclaré qu'en laissant un écart important entre le lancement du produit et sa mise à disposition générale, Amazon ne parvenait pas à susciter l'intérêt pour Alexa+. « Il suffit de s'appuyer sur vos défenseurs sélectionnés sur YouTube ou TikTok et de leur dire de quoi parler », a-t-il déclaré. « Au lieu de cela, cela donne l'impression qu'ils s'inquiètent de quelque chose. »
M. Greengart, de Techsponential, a déclaré que l'événement Alexa de février pouvait être considéré comme un signe avant-coureur, car les participants n'ont pas été autorisés à essayer le service eux-mêmes, mais ont été répartis dans des ateliers où les chefs de produit ont présenté des routines bien rodées et répondu à des questions limitées. Reuters, qui a assisté à l'événement, n'a pas non plus pu essayer le service.
En revanche, lors du lancement du Fire Phone par Amazon en 2014, les utilisateurs pouvaient tenir l'appareil et tester ses fonctionnalités. L'appareil Echo original, équipé du service Alexa, a été commercialisé quelques semaines après son annonce en novembre 2014 et les utilisateurs ont fait part de leurs impressions en décembre de la même année.
La nouvelle version d'Alexa est conçue pour permettre aux utilisateurs de demander des conseils d'achat, par exemple pour leurs tenues de vacances, et de recevoir des résumés d'actualités. Comme le montre la vidéo, elle est destinée à répondre à des demandes plus complexes, telles que commander un repas à livrer tout en mémorisant les préférences alimentaires de l'utilisateur. Pour illustrer la polyvalence d'Alexa+, Amazon a cité un article publié en avril par TechRadar, qui reprenait le message anonyme d'un utilisateur de Reddit affirmant avoir testé le service. Le message Reddit a depuis été supprimé. (Reportage de Greg Bensinger à San Francisco, édité par Kenneth Li, Anna Driver et Matthew Lewis)
