(Reuters) - La création d'un syndicat dans un entrepôt d'Amazon de l'Alabama, devenue un enjeu national aux Etats-Unis, a été rejetée par une large majorité des employés du site.

Selon les chiffres communiqués vendredi par la commission nationale des relations de travail (National Labor Relations Board, NLRB) - l'agence fédérale chargée de faire respecter le droit du travail -, 1.798 employés du site de Bessemer ont voté contre le projet, alors que 738 se sont prononcés pour. Une majorité simple était requise.

Un peu plus de la moitié des 5.867 employés de cet entrepôt proche de la ville de Birmingham ont voté, soit 3.041, mais 505 bulletins font l'objet de contestations et 76 ont été invalidés, a ajouté la NLRB.

Le syndicat national de la distribution (Retail, Wholesale and Department Store Union, RWDSU), qui tente d'organiser les salariés du site, a fait savoir qu'il contesterait ce résultat en dénonçant l'ingérence d'Amazon dans la consultation.

"Il faut oublier les résultats de cette élection car la conduite de l'employeur a créé une atmosphère de confusion, de coercition et/ou de crainte de représailles et par conséquent interféré avec la liberté de choix des employés", a déclaré le RWDSU. Amazon n'a pas commenté dans l'immédiat ces accusations.

Le géant du commerce en ligne a bataillé pendant des semaines contre ce projet de syndicat, placardant des affiches anti-syndicales dans l'entrepôt et bombardant les employés de textos critiquant le RWDSU.

Mais certains salariés de Bessemer impliqués dans cette lutte ont également relevé que de nombreux jeunes employés, peu habitués aux syndicats, n'ont jamais été persuadés des bénéfices que pourrait leur apporter un syndicat sur le site.

Les dirigeants syndicaux espéraient que ce vote marquerait le début d'une nouvelle ère pour le syndicalisme local. Les défenseurs du projet ont reçu le soutien du président Joe Biden, de parlementaires et le sénateur de gauche Bernie Sanders s'est rendu sur place pour les soutenir.

Le résultat illustre les obstacles que continue de rencontrer le mouvement social dans le sud des Etats-Unis, où la création de syndicats a déjà échoué dans des usines Nissan, Volkswagen ou Boeing.

La région est particulièrement rétive au syndicalisme. Presque tous les Etats du Sud, y compris l'Alabama, ont adopté des lois baptisées "right-to-work" qui restreignent les droits syndicaux.

Dans l'ensemble des Etats-Unis, la proportion de salariés syndiqués connaît un lent déclin depuis des décennies. Elle était de 11% en 2020 contre 20% en 1983, selon les statistiques fédérales.

Amazon, géant du commerce en ligne, s'emploie depuis des années à dissuader ses plus de 800.000 employés aux Etats-Unis de s'organiser via des syndicats.

A Wall Street, le cours de l'action Amazon prenait 1,7% vendredi en début d'après-midi.

(version française Jean-Stéphane Brosse)

par Hilary Russ et Richa Naidu