La société, qui avait tiré une somme record de 25 milliards de dollars de son introduction à la Bourse de New York en 2014, a pris la décision de reporter sa mise sur le marché hong-kongais lors d'un conseil d'administration qui s'est tenu la semaine dernière, juste avant la publication de ses derniers résultats.

Il n'y a pas de nouveau calendrier prévu pour l'opération, qui était programmée pour la fin du mois, mais elle pourrait intervenir dès octobre, sous réserve d'un apaisement des tensions politiques à Hong Kong, un des principaux centres financiers mondiaux, et de conditions de marché plus favorables, a dit l'une des sources.

Lancé à l'origine contre un projet de loi aujourd'hui suspendu qui aurait autorisé l'extradition de suspects vers la Chine, le mouvement de contestation à Hong Kong s'est élargi à la défense des libertés garanties par le principe "un pays, deux systèmes", accepté dans le cadre de la rétrocession de l'ex-colonie britannique, en 1997.

Dimanche, 1,7 million de personnes ont défilé sous la pluie et dans le calme à Hong Kong, bien loin des scènes de violences ayant souvent marqué les précédentes manifestations, qui devraient se poursuivre dans les semaines à venir.

A mesure que la contestation s'installe dans la durée, le territoire est le théâtre d'incidents violents de plus en plus nombreux, et la tension est encore montée d'un cran la semaine dernière avec l'occupation de l'aéroport international qui a conduit à une suspension partielle du trafic aérien, lundi et mardi. Un millier de vols ont été annulés. Plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis le début de la mobilisation il y a plus de onze semaines.

Mardi, la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a cependant déclaré qu'elle espérait que la mobilisation pacifique du week-end était le début d'un effort visant à restaurer la paix et que le dialogue avec les manifestants pacifiques permettrait au territoire autonome de sortir de la crise.

LA BOURSE DE HONG KONG À LA TRAÎNE DES AUTRES GRANDES PLACES

"Il serait très mal avisé de lancer l'IPO maintenant ou dans un avenir proche. Cela déplairait certainement à Pékin de voir Hong Kong recevoir un tel cadeau étant donné ce qui s'y passe", a dit l'une des sources.

Alibaba a refusé de commenter ses projets de cotation à Hong Kong.

Une cotation à Hong Kong permettrait à Alibaba de se constituer un trésor de guerre pour poursuivre ses investissements technologiques - une priorité pour la Chine alors que la deuxième économie mondiale est en plein différend commercial avec les Etats-Unis.

Cette cotation donnerait en outre aux investisseurs de Chine continentale un accès direct à l'un des plus grands succès boursiers du pays, via la connexion boursière Stock Connect entre Hong Kong, Shanghai et Shenzhen.

La Bourse de Hong Kong a besoin de la cotation d'Alibaba, opération qui sera vraisemblablement la plus importante mise sur le marché du monde cette année, pour ne pas se laisser distancer par celle de New York dans la traditionnelle course pour décrocher le titre de première place en matière d'IPO.

Au début du mois de juillet Anheuser-Busch InBev avait renoncé à l'introduction en Bourse de sa filiale Asie-Pacifique à Hong Kong, opération estimée à proche de 10 milliards de dollars, le premier brasseur mondial évoquant alors, entre autres, "les conditions du marché en vigueur".

Le Hang Seng, l'indice vedette de la Bourse de Hong Kong est recul de plus de 5,5% depuis le début du mois d'août après avoir reculé de 2,68% en juillet, des baisses qui ramènent à moins de 1,5% ses gains depuis le début de l'année, contre +3% pour le Nikkei sur la période, +10% pour l'indice pan-européenne Stoxx 600 et 15,7% pour le S&P 500, l'indice de référence des gérants de fonds américains.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)

par Julie Zhu et Greg Roumeliotis