Le premier brasseur mondial a annoncé vendredi qu'il ne procéderait pas à l'IPO de Budweiser Brewing Company APAC à Hong Kong, ce qui aurait été la plus importante de l'année dans le monde.

L'essentiel du produit de cette IPO était destiné au remboursement de la dette d'InBev, qui avait acheté fin 2016 son rival britannique SABMiller pour une centaine de milliards de dollars.

Le groupe belge s'est dit néanmoins en mesure de ramener le ratio dette nette/Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) en dessous de quatre d'ici fin 2020, contre 4,6 à la fin 2018, malgré l'échec de l'IPO de sa filiale.

En cotant Budweiser Brewing Company APAC, le fabricant de la Budweiser, de la Corona et de la Stella Artois espérait lever entre huit à 10 milliards de dollars et diminuer son ratio de dette de 0,5 point de pourcentage au maximum.

Le bénéfice d'AB InBev va augmenter régulièrement dans les prochaines années, la dette nette passer sous les 100 milliards de dollars d'ici la fin de l'année et le ratio dette/Ebitda diminuer à 4,2, puis 3,7 et 3,2 en 2020 et 2021, montrent les projections de Refinitiv Eikon.

Le brasseur pourrait aussi bénéficier d'une baisse de plus en plus probable des taux d'intérêt aux Etats-Unis, qui atténuerait la vigueur du dollar.

Les analystes de Jefferies estiment cependant que la faible réduction de la dette pourrait décourager les investisseurs prudents et accroître les risques liés à la volatilité sur les changes qui a coûté 2,3 milliards de dollars (deux milliards d'euros) à AB InBev depuis 2016.

Pour accroître ses bénéfices, le groupe a jusqu'ici compté sur la croissance externe et les réductions de coûts mais l'an dernier il a admis qu'il lui faudrait en priorité augmenter ses ventes de bières.

Aux Etats-Unis, son principal marché, où les ventes continuent de baisser, le groupe a accru ses investissements dans le marketing avec notamment des dépenses record lors du Super Bowl cette année et une approche plus régionale.

Sur les marchés en développement, le brasseur a lancé une offensive sur les "bières premium", plus chères. Il se vend ainsi actuellement plus de Budweiser en Chine qu'aux Etats-Unis.

LES ACQUISITIONS AU SECOND PLAN

La cotation de Budweiser APAC devait aussi servir à créer un champion régional à même de favoriser une consolidation en Asie.

AB InBev n'a cité aucun nom mais les analystes estiment que la filiale Asie-Pacifique du groupe aurait pu se rapprocher de l'activité bière de ThaiBev ou du groupe philippin San Miguel. De tels partenariats sont désormais peu probables.

Le ralentissement du désendettement du groupe repousse également un éventuel projet de grosse acquisition, qui pouvait selon les analystes porter sur le rachat des activités de bières en Afrique du Groupe Castel, contrôlé par le milliardaire français Pierre Castel.

AB Inbev a dit vendredi avoir renoncé à l'IPO de sa filiale en raison de "plusieurs facteurs, y compris les conditions du marché en vigueur".

AB Inbev voulait placer 1,6 milliard d'actions à un prix unitaire compris entre 40 et 47 dollars de Hong Kong (4,54 à 5,33 euros), mais selon des sources certains investisseurs américains de long terme, qui sont souvent prioritaires lors d'une IPO, ont soumis des offres à moins de 40 dollars.

Trevor Stirling, analyste chez Bernstein Securities, estime que le groupe belge pourrait chercher le moyen d'accroître l'attractivité autour de sa filiale en augmentant ses marges.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Philip Blenkinsop