Les spéculations sur un rapprochement entre les deux groupes sont récurrentes depuis un an; la concentration est en effet l'une des rares voies de croissance pour les acteurs d'un secteur dont la totalité des grands marchés sont déjà aux mains de multinationales.

SABMiller, numéro deux mondial avec des marques comme Peroni, Grolsch ou Pilsner Urquell, a déclaré dans un bref communiqué qu'AB InBev l'avait informé de son intention de lui soumettre une offre de rachat, tout en ajoutant qu'il ne disposait d'aucune précision sur les modalités d'une offre éventuelle.

"Le conseil d'administration de SABMiller étudiera toute proposition éventuelle et y répondra de manière appropriée", poursuit-il tout en soulignant ne pas pouvoir garantir qu'une offre sera faite.

AB InBev, qui possède entre autres Budweiser, Stella Artois et Corona, a confirmé de son côté avoir approché SABMiller, expliquant vouloir coopérer avec le conseil d'administration de ce dernier en vue d'une offre de rachat amicale.

"Il ne peut y avoir aucune garantie que cette approche aboutira à une offre ou à un accord", souligne-t-il.

Une source proche de SAB a dit qu'on ne pouvait dire à ce stade ce que ferait le brasseur puisqu'aucune offre n'a été présentée. "A ce stade, nous sommes dans l'attente", a-t-elle dit.

AB InBev devra verser au moins 40 livres par action SAB Miller et peut-être jusqu'à 45 livres, estiment des analystes, impliquant un prix d'achat allant jusqu'à 130 milliards de dollars, passif inclus. Ce serait l'une des plus grosses OPA de l'histoire.

TOUT LE SECTEUR MONTE EN BOURSE

Le marché semble croire à une issue favorable des pourparlers: L'action SAB a gagné 19,9% à 36,14 livres. AB InBev a pris 6,4%. Les concurrents Heineken, Carlsberg et Diageo ont également monté, dans l'idée que SAB pourrait rechercher une autre proposition comme stratégie de défense comme il l'avait fait sans succès en 2014 lorsqu'il avait proposé de racheter Heineken.

L'indice Stoxx paneuropéen de l'alimentation et des boissons a progressé de 4,27%.

AB InBev avait une part de marché mondiale de 21,1% en 2014 et SABMiller 15%, selon l'expert Plato Logic. Heineken occupe la troisième place mondiale

Aux cours de clôture de mardi, SABMiller affichait une capitalisation boursière de 49 milliards de livres (67 milliards d'euros), alors que celle d'AB InBev dépassait 152 milliards d'euros.

Un mariage entre SABMiller et AB InBev combinerait notamment la domination d'AB InBev sur le marché latino-américain avec la forte présence de SABMiller en Afrique, deux zones géographiques dans lesquelles la croissance des ventes de bière est supérieure à celle enregistrée dans les pays les plus avancés.

L'opération regrouperait également leurs brasseries en Asie.

Les autorités de la concurrence pourraient toutefois poser des conditions à une fusion, notamment aux Etats-Unis, où la part de marché d'AB InBev est légèrement inférieure à 50% alors que celle de Molson Coors, la coentreprise locale de SABMiller, est d'un peu moins de 30%.

L'entité issue de la fusion devrait aussi vendre des actifs en Chine, où la coentreprise CR Snow de SABMiller avec Chine Resources est leader du marché. Heineken, Carlsberg ou le chinois Tsingtao pourraient être des repreneurs potentiels.

Plato estime qu'après cessions, la nouvelle structure pourrait avoir une part de marché mondiale de 28%.

(Marc Angrand et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Philip Blenkinsop et Martinne Geller