Mon confrère Adrien Chavanne avait déjà donné le ton dans son état des lieux d’Apple en titrant “Apple : Colosse aux pieds d’argile”. Cette fois encore, malgré des résultats solides pour son deuxième trimestre 2025, la firme de Cupertino peine à rassurer. Tim Cook a beau se montrer rassurant, il annonce tout de même plus de 900 millions de dollars de frais à venir liés aux droits de douane. Et comme si cela ne suffisait pas, la justice américaine vient de condamner Apple avec des mots lourds : la firme aurait “sciemment ignoré” une injonction concernant les achats externes à son App Store.

Révision de la chaîne d’approvisionnement

La tension commerciale entre les États-Unis et la Chine complique sérieusement la donne pour Apple. Lors de sa conférence téléphonique, Tim Cook a tenu à souligner les efforts du groupe pour réorganiser sa chaîne d’approvisionnement et limiter l’impact des droits de douane. Résultat : une bonne partie des iPhones destinés au marché américain sortiraient désormais d’Inde, tandis que les iPads, Mac et Apple Watch viendraient du Vietnam.

Mais ça ne suffit pas. “En supposant que les taux, les politiques et l'application des droits de douane internationaux actuels ne changent pas durant le trimestre et qu'aucune nouvelle surtaxe ne soit ajoutée, nous estimons que ces taxes ajouteront 900 millions de dollars à nos coûts”, précise Cook. Une solution d’urgence, qui ne tiendra pas éternellement. D’autant que l’administration Trump réfléchit déjà à élargir ses taxes à l’ensemble du secteur des semi-conducteurs, téléphones portables et ordinateurs. Bref, Apple n’est pas au bout de ses galères trumpiennes.

Une affaire judiciaire ignorée

Cerise sur le gâteau : la juge californienne chargée de l’affaire opposant Apple à Epic Games a haussé le ton. Elle ordonne désormais à Apple de cesser de prélever des commissions sur les achats effectués en dehors de son système. Les développeurs peuvent donc enfin renvoyer leurs utilisateurs vers leur propre site pour échapper à la taxe Apple. Spotify a sauté sur l’occasion et annoncé une mise à jour de son appli américaine dans la foulée.

Pour rappel, la justice avait déjà autorisé les liens de paiement externes, mais laissé à Apple le soin de définir les conditions. Résultat ? Une politique si restrictive qu’elle a été qualifiée d’entrave pure et simple, avec en prime des “scare screens” pour décourager les utilisateurs. Dans son dernier rapport, la juge estime qu’Apple a tout bonnement ignoré le verdict.

Et ce n’est pas fini. Apple est désormais sous la menace de poursuites pénales, après que son vice-président aux finances, Alex Roman, a menti sous serment sur la date d’instauration du taux de 27 % pour les achats hors App Store. La juge a tranché : “Un mensonge”. Et personne, ni Apple ni ses avocats, n’a pris la peine de corriger.

Des risques encore plus présent

Sur l’IA, ce n’est pas bien brillant non plus. Tim Cook annonce qu’il faudra “encore un peu de temps” pour Apple Intelligence. La fameuse intégration de l’IA dans l’iPhone, tant promise, déçoit. Et en Europe, elle n’est arrivée que très récemment, pour un accueil tout aussi tiède.

Quant au marché chinois, déjà en repli lors du premier trimestre, il continue de s’enfoncer. Les consommateurs chinois préfèrent désormais les alternatives locales, et l’IA made in ChatGPT n’est même pas disponible sur place.

Depuis le début de 2025, l’action Apple a déjà perdu près de 15 %. Entre les régulateurs toujours plus mordants, une politique commerciale mondiale en roue libre, et un retard évident sur l’IA, le colosse vacille un peu plus chaque trimestre.