par Martin Quin Pollard
BEIJING, 4 décembre (Reuters) - Plusieurs villes
chinoises, dont Urumqi, dans l'extrême ouest du pays, ont
annoncé dimanche un assouplissement des restrictions liées au
coronavirus, suivant l'exemple d'autres villes cette semaine,
alors que la Chine s'efforce d'ajuster sa politique de "zéro
COVID" après de violentes manifestations.
Urumqi, la capitale de la région du Xinjiang, rouvrira les
centres commerciaux, les marchés, les restaurants et d'autres
lieux à partir de lundi, ont annoncé les autorités, mettant
ainsi fin à des mois de fermeture stricte.
Les habitants de la ville de Zhengzhou, qui abrite la plus
grande usine d'iPhone au monde et qui a été secouée le mois
dernier par de violentes manifestations, n'auront plus à
présenter les résultats d'un test de dépistage pour prendre les
transports en commun, les taxis ou encore pour se rendre dans
les "zones publiques", ont déclaré les autorités dimanche.
Ces tests ne seront également plus nécessaires pour prendre
les transports en commun à Shanghai, capitale économique, à
Nanning, capitale de la province du Guangxi, ou encore à Wuhan,
où la pandémie a débuté en 2019.
Ces villes suivent ainsi l'exemple de Changdu et Tianjin ou
encore de Shenzhen, dans le sud du pays.
Les autorités du district de Haizhu dans la ville de
Guangzhou, où des heurts ont éclatés le mois dernier, ont fait
savoir qu'il n'était plus nécessaire pour les personnes ne
présentant pas de symptômes de se faire tester, à moins qu'elles
n'appartiennent à certains groupes spéciaux, comme les
travailleurs de la première ligne.
Samedi, à Pékin, les autorités ont déclaré que l'achat de
médicaments contre la fièvre, la toux et le mal de gorge ne
nécessitait plus d'enregistrement.
UNE POLITIQUE À BOUT DE SOUFFLE
Fierté du président Xi Jinping, la politique du "zéro Covid"
a atteint ses limites sur fond de net ralentissement économique
et d'impatience de la population alors que le reste du monde
s'est plus ou moins habitué à vivre avec le virus.
Elle est à l'origine d'une vague de manifestations sans
précédent depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, et
peut-être même depuis le soulèvement sur la place Tiananmen à
Pékin en 1989, réprimé dans le sang.
Pour l'instant, les mesures d'assouplissement varient d'une
région à l'autre. Mais le régime communiste devrait annoncer des
changements en matière de dépistage à l'échelle nationale et
autoriser les cas positifs et les contacts proches à s'isoler
chez eux sous certaines conditions, ont du dossier.
La vice-première ministre Sun Chunlan, qui supervise les
efforts de lutte contre le COVID-19, a déjà déclaré la semaine
dernière que le virus était moins pathogène, un changement de
ton pour s'aligner davantage sur ce que disent de nombreuses
autorités sanitaires à travers le monde depuis un an.
Certains habitants ont dénoncé des incohérences dans
l'assouplissement des restrictions, notamment l'obligation, dans
certains endroits, de présenter un test COVID négatif alors que
les centres de dépistage de masse sont fermés.
À Pékin et à Wuhan, cela a provoqué de longues files
d'attente devant les quelques centres de dépistage restants.
Selon les autorités, le nombre de nouveaux cas quotidiens a
chuté à l'échelle nationale à 31.824, une baisse qui pourrait
s'expliquer par la réduction du nombre de dépistages. Les
autorités ont également signalé deux nouveaux décès dus au
COVID-19.
PRÉPARATION DE LA SORTIE DU "ZÉRO-COVID"
Malgré l'assouplissement des restrictions, de nombreux
experts estiment qu'il était peu probable que la Chine entame
une réouverture significative avant le mois de mars, étant donné
la nécessité d'intensifier les vaccinations, en particulier au
sein de sa population âgée.
"Même s'il y a de nombreux changements localement dans les
politiques de COVID ces derniers temps, nous ne les interprétons
pas comme un abandon par la Chine de la politique du 'zéro
COVID'", a déclaré Goldman Sachs dans une note dimanche.
"Nous les considérons plutôt comme une preuve évidente que
le gouvernement chinois se prépare à une sortie, et tente de
minimiser le coût économique et social de ses mesures anti-COVID
dans l'intervalle. Les préparatifs peuvent durer quelques mois
et il y aura probablement des défis à relever en cours de
route", a ajouté la banque d'investissement.
Les autorités ont récemment annoncé qu'elles allaient
accélérer les vaccinations des personnes âgées, mais beaucoup
restent réticentes à l'idée de se faire vacciner.
"Certaines personnes ont des doutes quant à la sécurité et à
l'efficacité du nouveau vaccin national contre le coronavirus",
peut-on lire dimanche dans un article du Quotidien du peuple, le
journal officiel du Parti communiste.
"Les experts affirment que cette perception est erronée",
précise l'article, ajoutant que les vaccins fabriqués dans le
pays sont sûrs.
Les vaccins étrangers ne sont pas approuvés en Chine et Xi
Jinping n'est pas disposé à revenir sur cette politique, a
déclaré samedi Avril Haines, directrice du renseignement
national des États-Unis.
(Reportage de Martin Quin Pollard ; Reportage supplémentaire de
la salle de presse de Pékin, version française Caroline
Pailliez)