NIAMEY, 16 janvier (Reuters) - Quatre personnes ont été tuées vendredi à Zinder, la deuxième ville du Niger, et 45 autres blessées lors d'une manifestation contre la publication d'une caricature du prophète Mahomet en une de Charlie Hebdo.

Le centre culturel français de cette ville du sud du pays a été attaqué, de même que des églises et des commerces tenus par des chrétiens qui ont été visés par des jets de bouteilles incendiaires.

"Zinder a vécu une situation quasi insurrectionnelle, une manifestation spontanée de nature criminelle", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Hassoumi Massaoudou, dans une intervention télévisée.

Trois civils ont été tués, dont deux touchés par balles par des policiers alors qu'ils attaquaient leur poste de police. Un gendarme a également perdu la vie.

"J'aimerais rassurer les chrétiens, l'Etat est là pour défendre à tout prix ceux qui vivent au Niger", a poursuivi le ministre.

Selon un policier, certains manifestants étaient armés d'arcs, de flèches et de gourdins. "A certains endroits, les affrontements ont été vraiment très violents", a-t-il dit.

Dans son dernier numéro, le premier paru après la fusillade du 7 janvier au siège du journal qui a fait douze morts, l'hebdomadaire satirique publie en première page, sous le titre "Tout est pardonné", un dessin du prophète, larme à l'oeil et portant une pancarte "Je suis Charlie".

Ce dessin, considéré comme un blasphème par les musulmans, a provoqué des manifestations de colère ce vendredi dans plusieurs pays, notamment en Algérie et au Pakistan. (voir )

A Zinder, dans le sud du Niger, le rassemblement anti-Charlie Hebdo, a dégénéré.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, qui comptait plusieurs centaines de personnes. Des drapeaux français ont également été incendiés.

"Les manifestants crient, en langue haoussa, 'Charlie est le diable', 'Que l'enfer engloutisse ceux qui soutiennent Charlie'", a rapporté Aboubacar Mamane, un commerçant joint par téléphone.

A la tombée de la nuit, la situation s'est calmée.

Par mesure de précaution, le gouvernement nigérien a interdit un sermon sur le prophète prévu ce samedi dans la principale mosquée de la capitale, Niamey. (Abdoulaye Massalaki; Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français)