Le groupe d'ingénierie nucléaire Areva (>> AREVA) vient d'annoncer, en l'espace de moins de 24 heures, deux opérations de cession d'actifs dans l'optique d'améliorer sa compétitivité et de mieux faire face à un ralentissement du secteur de l'énergie nucléaire civile, un an après la catastrophe de Fukushima.

Vendredi, Areva a indiqué avoir signé un accord avec le producteur canadien d'uranium Cameco (CCO.T) pour la cession de sa participation de 27,94% dans le projet Millennium pour 150 millions de dollars canadiens, soit environ 112 millions d'euros.

Cameco détient déjà 41,96% du projet minier, situé au Canada, et versera des royalties à Areva en cas de découverte de ressources supplémentaires en uranium dans la mine.

Le canadien JCU Exploration, troisième partenaire du projet avec une participation de 30,1%, "dispose au préalable d'un droit de préemption lui permettant d'acquérir à conditions égales jusqu'à 11,67% des parts vendues par Areva", a indiqué le groupe français dans un communiqué.

"Situé dans le nord de la région canadienne de la Saskatchewan, le projet Millennium prévoit le développement d'une mine souterraine sur la base des ressources estimées à ce jour à plus de 50 millions de livres d'uranium (soit près de 20.000 tonnes)", précise le communiqué.

Jeudi soir, le groupe avait également indiqué s'être entendu avec le Fonds stratégique d'investissement (>> Flexible Solutions International, Inc.) en vue de lui céder sa participation de 26% dans le groupe minier Eramet (>> ERAMET) pour 776 millions d'euros.

Le géant nucléraire français se déleste de certains actifs pour se préparer à plusieurs années difficiles après la crise nucléaire de Fukushima au Japon. Il entend dégager au moins 1,2 milliard d'euros de produits de cessions en 2012 et 2013.

Son directeur financier, Pierre Aubouin, a néanmoins déclaré vendredi, lors d'une conférence téléphonique, avoir bon espoir que la majeure partie de ces cessions soit finalisée cette année.

"Nous avons une bonne visibilité sur 1 milliard d'euros des cessions prévues", a-t-il indiqué.

L'action Areva est soutenue vendredi par ces annonces. A 17h06, le titre avançait de 5% à 20 euros.

Le groupe est "dans une phase structurante", a indiqué Philippe Ourpatian, analyste chez Natixis. "Recentré maintenant sur le nucléaire et les énergies renouvelables, Areva semble toujours en mesure de générer la croissance attendue par sa direction, malgré les incertitudes qui demeurent". L'analyste a une recommandation d'"achat" sur Areva.

Les cessions et le fait que le groupe n'ait pas de prêts majeurs à rembourser avant 2016 ont rassuré les investisseurs sur les liquidités d'Areva, a estimé pour sa part Ari Agopyan, analyste chez CM-CIC, qui a une recommandation "accumuler" sur le titre.

Pour Delphine Brault, analyste chez Oddo Securities, le plan de cessions pourrait restreindre la visibilité à court terme sur la performance du groupe. Elle a une recommandation "neutre" sur le titre.

D'éventuels contrats portant sur de nouveaux réacteurs ont été reportés, notamment en Inde, mais aussi en Chine, où le groupe souhaite construire des EPR, a indiqué vendredi son président du directoire, Luc Oursel.

Areva espère finaliser cette année un accord pour la construction de deux EPR en Inde, après plus de deux ans de négociations, et attend toujours que les autorités chinoises lèvent leur interdiction sur les nouveaux réacteurs, a-t-il ajouté.

Jeudi soir, Areva a annoncé avoir accusé une perte nette de 2,42 milliards d'euros en 2011, alors qu'il avait dégagé un résultat net de 883 millions d'euros en 2010. Le groupe a toutefois confirmé ses projections pour 2012-2013 ainsi que ses perspectives à moyen terme.

-Géraldine Amiel, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 67; geraldine.amiel@dowjones.com