Paris (awp/afp) - Areva, le champion français du nucléaire en grande difficulté financière, a avancé vendredi dans son plan de sauvetage avec la validation par ses actionnaires de sa recapitalisation et l'entrée de deux groupes japonais au capital de NewCo, sa nouvelle entité liée au cycle du combustible.

Réunis en assemblée générale, les actionnaires d'Areva SA, holding de tête du futur groupe restructuré, ont approuvé à 99,99% des voix une augmentation de capital de 2 milliards d'euros réservée à l'Etat français, l'actionnaire majoritaire du groupe mal en point du fait de choix stratégiques hasardeux et de la morosité du secteur de l'atome.

Une deuxième levée de fonds de 3 milliards d'euros destinée à NewCo a été autorisée par l'assemblée générale de cette entité dont les activités iront de l'extraction de l'uranium jusqu'au démantèlement des centrales, après la cession de l'activité réacteurs à EDF au second semestre 2017.

Elle sera financée à hauteur de 2,5 milliards d'euros par l'Etat français et de 500 millions d'euros par les japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited), lesquels ont annoncé vendredi un accord encore à finaliser pour leur entrée au tour de table de NewCo avec 5% du capital chacun.

La restructuration est entrée "dans une phase ultime qui permettra à la fois de financer Areva SA" et "d'accompagner la croissance de NewCo", notamment en Asie, perçue comme un marché clé pour l'atome, a commenté le directeur général, Philippe Knoche, lors de l'assemblée générale.

Le président du conseil d'administration, Philippe Varin, a toutefois assuré avoir conscience des "déconvenues" exprimées par de petits porteurs face à la dégringolade de l'action, qui valait 30,16 euros lors de l'introduction en Bourse d'Areva en 2011. Elle ne pesait plus que 4,55 euros à la clôture vendredi.

Areva espère pouvoir lancer ces opérations au deuxième trimestre sous réserve de la levée des conditions préalables posées par la Commission européenne: l'autorisation du rachat d'Areva NP par EDF et la conclusion positive des analyses des anomalies observées sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche).

L'augmentation de capital de NewCo "se fera en deux temps", a précisé le groupe dans un communiqué. Il y aura d'abord l'augmentation de capital réservée à l'Etat, puis l'investissement nippon après la cession d'Areva NP à EDF.

Dans un communiqué, l'Etat a confirmé "ses engagements pour la recapitalisation d'Areva". Entretemps, il accordera au groupe un prêt de 3,3 milliards d'euros convertible ultérieurement en capital.

- "Collaboration" franco-nippone -

Rappelant collaborer de longue date avec MHI et JNFL, le spécialiste de l'atome a par ailleurs souligné que le capital de la nouvelle entité resterait "ouvert à d'autres investisseurs stratégiques".

Cette déclaration peut être considérée comme un signal adressé au chinois CNNC avec qui les négociations sont dans l'impasse en raison d'exigences jugées inacceptables par Paris, notamment celle d'avoir un représentant au conseil d'administration de NewCo.

Pour Bercy, l'accord conclu avec les "deux industriels japonais de renommée internationale (...) confirme les perspectives de croissance et de rentabilité des activités de NewCo".

"A travers cet accord, je suis ravi de pouvoir contribuer à la réorganisation de l'industrie nucléaire en France", a commenté le PDG de MHI, Shunichi Miyanaga, disant espérer renforcer encore ce partenariat via "des investissements futurs".

Et de vanter "les capacités technologiques" de NewCo, promis selon lui à "une solide croissance".

En 1991, MHI et Areva avaient créé une coentreprise dans le secteur du cycle du combustible.

En 2007, les deux groupes ont lancé le développement d'un réacteur à eau pressurisée (PWR) de moyenne puissance, Atmea-1.

MHI a par ailleurs précisé être également en négociations pour entrer au capital d'Areva NP, aux côtés d'EDF.

JNFL connaît également bien Areva pour avoir adopté une grande partie des technologies du groupe français dans son usine de retraitement de combustible nucléaire de Rokkasho (nord du Japon), site qui n'est cependant toujours pas entré en fonctionnement.

A l'issue des recapitalisations, l'Etat français entend déposer une offre publique de retrait (OPR) pour racheter les titres d'Areva SA détenus par les actionnaires minoritaires. Cette offre sera suivie d'un retrait obligatoire de la Bourse en cas d'atteinte du seuil de 95% du capital et des droits de vote d'Areva SA.

afp/rp