ARM est à la base de toutes les architectures qui alimentent les puces des appareils Apple ou encore les Snapdragon de Qualcomm, omniprésents dans les smartphones. À cela s’ajoute un axe plus récent : les plateformes CSS et les architectures réseau pour data centers. Le modèle économique repose sur la vente de licences pour ces architectures, mais aussi sur les royalties générées par les appareils embarquant leurs technologies, un indicateur-clé de leur empreinte sur le marché.

Une publication à deux vitesses

Morgan Stanley résume bien les résultats : “Un résultat net en hausse, grâce à des redevances solides, témoigne d’un intérêt pour ARM légèrement supérieur à nos attentes”, mais “les licences ont été en dessous”. En clair : les royalties prennent une place de plus en plus importante dans la dynamique d’ARM, ce qui stabilise la croissance sur la durée, mais rend la boîte plus sensible aux cycles de consommation, notamment sur les smartphones.

Et c’est là que le bât blesse. Selon Counterpoint, le durcissement des politiques commerciales pourrait refroidir les consommateurs et plomber les ventes de smartphones. Or, ce sont justement les modèles haut de gamme qui utilisent les dernières technologies d’ARM. Si la demande glisse vers l’entrée de gamme, l’impact pourrait être immédiat.

Comme Samsung et Qualcomm, ARM préfère ne pas fournir de prévisions annuelles. En revanche, les projections pour le premier trimestre de l’exercice 2026 n’ont pas rassuré : un bénéfice par action attendu entre 30 et 38 cents, contre 42 anticipés, et un chiffre d’affaires d’1 milliard de dollars contre 1,1 milliard attendu. “Pourquoi nos prévisions sont-elles légèrement inférieures ? C’est vraiment une question de licences”, a déclaré le CEO René Haas. Une prudence qui cacherait peut-être l’absence d’un contrat important, possiblement lié à l’affaire Qualcomm.

Une croissance toujours prévue

Est-ce une véritable alerte rouge ? Pas forcément. Malgré plusieurs problèmes à venir sur le court terme. Le gros du repli semble surtout venir d’une valorisation excessive, plus que d’un business en déroute. Pour rappel, le titre se négocie actuellement à un PE Ratio de 141 fois le bénéfice. Pourtant, les analystes sont au diapason quant au fait que l'IA et les redevances devraient largement compenser les faiblesses à court terme.

Joe Quatrochi (Wells Fargo) le résume ainsi : “Notre avis reste positif sur ARM car elle a les moyens de battre les attentes grâce à l’essor de l’IA, à la montée en puissance de la v9 / CSS, avec des taux de redevance plus élevés, et à une légère hausse de ses parts de marché sur les processeurs.” Même son de cloche chez Morgan Stanley : “ARM devrait progresser de manière soutenue tout au long de l’année, portée par un éventail large de catalyseurs.”