Belle opération pour Softbank. Le groupe de Masayoshi Son, qui contrôle toujours 87.5% du capital de ARM, l’avait acquis en 2016 pour $32 milliards. Or, la valeur d’entreprise du britannique est aujourd’hui presque quatre fois supérieure à cette enveloppe.
La performance de croissance est réelle — le chiffre d’affaires de ARM double en cinq ans et quadruple en dix ans — mais il reste somme toute difficile de justifier une valorisation qui représente un multiple extrêmement plantureux des ventes et du profit annuel.
C’est donc que les analystes misent ici sur une poursuite — voire une accélération — de l’expansion du chiffre d’affaires, comme en témoigne leur prévisionnel à un horizon de trois ans. Ceci, à un moment où ARM s’engage dans une nouvelle stratégie qui consiste à produire ses propres processeurs.
Cette transition — d’un lucratif modèle d’affaires de monétisation de brevets par le biais de royalties vers un modèle de fabricant intégré — est à double tranchant, car elle risque de placer ARM en concurrence frontale avec certains de ses clients. C’est donc un drôle de billard à trois bandes qui s’annonce.
Les analystes n’en saluent pas moins la vision, de plus en plus évidente suite aux rachats de Ampere et de Graphcore par Softbank. Les paris semblent risqués là aussi : Ampere n’a pas d’activité commerciale, tandis que la technologie développée par Graphcore, qui s’attaque frontalement à Nvidia, n’est elle pas encore éprouvée.
Cela n’a pas empêché Softbank de payer $6.5 milliard pour le premier, ainsi qu’entre $500 et $600 millions pour le second, dans l’espoir que leurs expertises viennent compléter les capacités de ARM et le positionner de manière stratégique dans la course à l’IA.
Fabuleuses sur le papier, toutes ces ambitions liées au projet Stargate restent soumises à de vastes incertitudes. Mais Masayoshi Son n’en est bien sûr pas à son coup d’essai. Voir à ce sujet SoftBank Corp. : Tout en chutzpah.