Zurich (awp) - La direction du groupe Aryzta n'écarte aucune option pour sauver le boulanger industriel du gouffre financier dans lequel il s'est empêtré, qu'il s'agisse d'une vente en totalité ou en parties. Le conseil d'administration (CA) a d'ailleurs créé un comité stratégique entièrement dédié à la définition d'une orientation claire.

Le président Urs Jordi, à la tête d'un groupe dont les difficultés financières chroniques attisent la convoitise de racheteurs potentiels, s'est dit ouvert à "toutes les options stratégiques possibles".

"Dans cette perspective nous continuerons à évaluer toutes les expressions d'intérêts non sollicitées reçues" a-t-il déclaré, cité dans le compte-rendu annuel publié mardi, faisant référence à l'intérêt exprimé par certains acteurs de racheter la société, comme l'a fait Elliott Advisors en septembre dernier.

Pour ce faire, le groupe a annoncé lors d'une conférence téléphonique la création d'un comité stratégique dédié à l'évaluation des options possibles, notamment la vente en totalité ou en parties de la société. Il comprend les administrateurs récemment élus Urs Jordi, Armin Bieri et Heiner Kamps, ainsi que les deux membres antérieurs Luisa Delgado et Alejandro Legarda Zaragüeta.

Aryzta avait déjà commandé une étude stratégique aux consultants de Rothschild&Co sous la direction du président sortant, Gary McGann. Rothschild avait alors recommandé la vente de l'ensemble de la société, d'après M.Jordi. "Nous sommes convaincus de pouvoir trouver une bonne voie à suivre" a-t-il asséné.

Des résultats annuels en baisse

Sur le plan opérationnel, le groupe helvético-irlandais a enregistré des résultats annuels en baisse, affectés par la crise du Covid-19. Il a notamment atteint un chiffre d'affaires de 2,93 milliards d'euros (3,16 milliards de francs suisses suisses) sur son exercice annuel décalé 2019/20 (clos fin juillet), soit une baisse de 13% sur un an.

Il apparaît tout de même que la plongée des ventes affichée au pic de la crise pandémique s'est amoindri progressivement au fil des mois, passant de -49% en avril à -36% en mai, puis -23% en juin et -18% en juillet. L'évolution organique est d'ailleurs passée de 0,0% en 2018/19 à une décroissance de 11,6%.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de la société alimentaire a lui chuté de 15,4% en comparaison annuelle à 260,2 millions d'euros, avec une marge afférente de 8,9%.

Les résultats annuels sont légèrement supérieurs aux prévisions des analystes, qui tablaient par exemple sur un chiffre d'affaires un tantinet plus faible à 2,91 milliards et à une décroissance organique plus sèche à 12,4%.

Un avenir incertain

Selon l'analyste Jean-Philippe Bertschy de la banque Vontobel, 2020 sera "l'année à oublier pour Aryzta", que ce soit au niveau des affaires avec des ventes en baisse ou au niveau exécutif avec la bataille rangée qui s'est déroulée au niveau du conseil administratif.

Du côté de Baader Helvea, on estime que plus une mise à jour de la stratégie viendra tôt, mieux ce sera, les investisseurs ayant "le droit de connaître les idées pour lesquelles ils ont voté". Sans orientation claire, Aryzta est pour l'instant "une boîte noire" qui a besoin d'une meilleure communication entre l'exécutif et les actionnaires, selon l'analyse. Dans cette perspective, le boulanger industriel n'est "intéressant que sur le long terme".

Seule optimiste, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) est "convaincue que la nouvelle équipe autour du président Urs Jordi sera en mesure de réaliser ce redressement", à la faveur notamment d'une simplification de la structure et d'un retour à des produits boulangers innovants".

Pour la suite de son exercice, la direction d'Aryzta ne s'est guère aventurée sur le terrain des perspectives chiffrées. La pandémie de Covid-19 continue de répandre de nombreuses incertitudes et si elle persiste, "cela aura un effet concret sur les résultats annuels de 2021", a précisé le communiqué.

Le groupe s'attend malgré tout à une "reprise hésitante sur le marché ces prochains mois".

A la Bourse, l'action Aryzta a terminé en hausse de 1,3% à 0,59 franc, dans un SPI en recul de 0,74%.

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