ASM International est un acteur spécialisé dans les équipements destinés à la fabrication de plaquettes de semi-conducteurs. L’entreprise se concentre sur des technologies de dépôt très pointues. Sa principale activité est la technologie ALD (Atomic Layer Deposition). ASMi s’est également imposée dans le domaine de l’épitaxie, tant du silicium que du carbure de silicium — cette dernière expertise ayant été renforcée par l’acquisition de la société italienne LPE en 2022. Ces techniques consistent à déposer des couches ultra-minces de matériaux aux propriétés spécifiques, essentielles dans les étapes complexes de fabrication des puces. Le carbure de silicium, qui associe silicium et carbone, présente une forte résistance aux hautes températures et fortes tensions, ce qui le rend particulièrement adapté aux environnements extrêmes, comme ceux des véhicules électriques. ASM International propose également des fours verticaux utilisés pour divers traitements thermiques des wafers. Ces équipements interviennent dans des étapes clés comme la diffusion de dopants, l’oxydation, le recuit ou encore le dépôt de couches minces via des procédés tels que le PECVD (dépôt chimique en phase vapeur assisté par plasma). Attention : ces fours sont à distinguer des systèmes de lithographie, dédiés à la gravure des motifs sur les plaquettes de silicium et qui sont la spécialité d’ASML. Les différences entre les deux entreprises avaient été abordées dans nos colonnes en janvier dernier.

ASM International a donc présenté ses résultats du premier trimestre hier soir. Le chiffre d’affaires, de 839 M€, se situe dans la borne supérieure de la fourchette de prévisions de la société, en hausse de 26 % par rapport à l’an dernier. Les analystes ont également salué le niveau de la marge brute, qui, à 53,4 %, dépasse largement les prévisions. Le groupe a bénéficié d’un mix produit favorable et de l’impact de son plan de réduction des coûts. ASM International note une activité particulièrement dynamique dans les spécialités de fonderies et de logique, en particulier les GAA. Les fonderies fabriquent des puces pour le compte de clients tiers, tandis que les puces logiques traitent l’information, comme les processeurs. Les transistors GAA (Gate-All-Around) représentent une nouvelle architecture de pointe permettant d’améliorer les performances et la miniaturisation des circuits. Enfin, il faut souligner la bonne résistance en Chine, comme ASML l’avait également montré dans ses résultats publiés il y a deux semaines.

Dans un environnement particulièrement volatil et complexe, ASM International anticipe une croissance annuelle à deux chiffres, dans une fourchette comprise entre +10 % et +20 % à taux de change constants.

Quelques ombres au tableau expliquent toutefois la réaction mitigée du marché depuis l’ouverture de la séance ce matin : les profits sont en deçà des estimations en raison d’un impact négatif des changes à hauteur de 40 M€. Également, le carnet de commandes recule de 3 % sur un an.

ASMi a connu un parcours très négatif depuis le début de l’année, avec un repli de 25 %. Toutefois, la valorisation actuelle est nettement inférieure à son historique. Le titre se négocie à 16 fois l’EBITDA, contre 21 fois en moyenne sur les cinq dernières années. Et ce, alors qu’ASM International est extrêmement bien positionnée pour tirer parti des avancées dans les solutions d’IA. Le broker Oddo BHF estime que “ASMi devrait continuer à surperformer structurellement le marché des équipements (WFE), comme ce fut le cas au cours des sept dernières années, et encore davantage avec la transition vers la technologie 2 nanomètres.”