PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont rebondi mercredi à la faveur de solides résultats d'entreprises qui ont pris momentanément le pas sur les inquiétudes liées à un rapide resserrement des politiques monétaires, tandis qu'à Wall Street, les indices évoluaient dans le désordre avec la chute de Netflix.

À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 1,38% à 6.624,91 points. Le Footsie britannique a pris 0,37% et le Dax allemand 1,47%.

L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,72%, le FTSEurofirst 300 de 0,86% et le Stoxx 600 de 0,84%.

Même si les craintes liées à la guerre en Ukraine, au prix de l'énergie et à l'inflation en général sont loin d'avoir disparu, le bon démarrage de la saison des résultats d'entreprises nourrit l'appétit pour le risque.

Aux Etats-Unis, sur les 49 entreprises du S&P-500 ayant publié leurs résultats trimestriels, près de 80% ont dépassé les attentes, selon des données Refinitiv. Habituellement, environ 66% d'entre elles affichent des résultats supérieurs aux prévisions.

"Malgré le rebond de l'appétit pour le risque, des facteurs défavorables devraient prévaloir à court terme", estime toutefois Michele Morganti, stratège chez Generali Investments, évoquant notamment les risques d'une aggravation de la guerre en Ukraine, d'un alourdissement des sanctions occidentales et d'un durcissement des politiques des banques centrales.

Le président de la Bundesbank allemande, Joachim Nagel, a dit mercredi s'attendre à une première hausse de taux de la Banque centrale européenne (BCE) au troisième trimestre.

Aux Etats-Unis, le "Livre beige" de la Réserve fédérale, qui servira de base de discussions pour sa réunion de politique monétaire dans deux semaines, sera publié à 18h00 GMT.

Et sur le front géopolitique, les forces russes ont accentué mercredi leur offensive dans le Donbass alors que la ville ukrainienne de Marioupol résiste à un nouvel ultimatum de Moscou.

VALEURS EN EUROPE

Sur le Stoxx 600, la tendance a été alimentée essentiellement par les résultats des entreprises, à l'image de Danone qui a bondi de 5,7% à la Bourse de Paris après un premier trimestre au-dessus des attentes. Le groupe agro-alimentaire français a également bénéficié des rumeurs d'intérêt de Lactalis pour un rachat partiel ou total de ses activités.

Toujours à Paris, le géant des cosmétiques L'Oréal et le leader mondial des centres d'appels Teleperformance ont terminé dans le vert à la faveur d'une hausse de leurs chiffres d'affaires trimestriels.

Ailleurs en Europe, ASML, en hausse de 5,3%, a également fait mieux que prévu au premier trimestre, tirant le secteur technologique (+2,4%) qui a enregistré avec la finance (+1,18%) l'une des meilleures performances du Stoxx 600.

Les résultats et prévisions de Heineken (+5,1%) et Just Eat Takeaway (1,9%) ont été également bien accueillis, contrairement à ceux de Credit Suisse (-1,4%), qui a dit prévoir une perte nette au premier trimestre, et de Siemens Energy (-1,5%), qui a revu ses perspectives annuelles.

Le groupe minier Rio Tinto a pour sa part cédé 4,7% après avoir fait état de livraisons inférieures aux prévisions.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones avançait de 0,67%, le Standard & Poor's 500 de 0,06%, tandis que le Nasdaq, plombé par Netflix, reculait de 0,99%.

Le numéro un mondial du "streaming" vidéo, qui plonge de plus 36% en Bourse, a annoncé pour la première fois en plus de dix ans une baisse du nombre de ses abonnés.

Dans son sillage, les poids lourds du numérique comme Amazon, Tesla, Meta Platforms cèdent de 2,3% à 5,3%, tandis que les groupes liés au "streaming" tels que Roku, Walt Disney et Warner Bros Discovery abandonnent de 4,5% à 8,3%.

A contre-courant de cette tendance, IBM bondit de 6,6% à la faveur de résultats trimestriels meilleurs que prévu et d'un relèvement de sa prévision de chiffre d'affaires annuel.

Procter & Gamble avance pour sa part de 2,4%, porté également par ses prévisions, tandis qu'Omnicom s'octroie 5,7% après un solide premier trimestre.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les prix à la production en Allemagne ont augmenté de 30,9% sur un an en mars, leur plus forte augmentation depuis la création de la statistique en 1949, selon les données publiées mercredi par l'Office fédéral de la statistique..

CHANGES

Le dollar recule de 0,68% face à un panier de devises de référence. Le billet vert a cependant touché en séance un pic depuis avril 2002 à 129,43 yens face à la monnaie japonaise après une nouvelle intervention de la Banque du Japon (BoJ) sur le marché pour défendre sa politique ultra-accommodante, à l'opposé du resserrement monétaire à l'oeuvre aux Etats-Unis.

L'euro, en hausse de 0,57%, se traite 1,0848 dollar, en réaction à des informations de presse selon lesquelles plusieurs membres de la BCE tablent sur un relèvement des taux de l'institution dès juillet.

TAUX

Le rendement des Treasuries à dix ans cède 4,6 points à 2,868% après avoir touché la veille un pic de trois ans en frôlant le seuil symbolique de 3% en raison des anticipations de resserrement monétaire aux Etats-Unis.

Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence en Europe, et celui de l'OAT française de même échéance ont abandonné environ cinq points de base à respectivement 0,867% et 1,344%.

PÉTROLE

Les cours du pétrole, volatils, reculent à la clôture des Bourses européennes, après avoir été soutenus par l'annonce par l'American Petroleum Institute (API) d'une baisse inattendue des stocks de brut la semaine dernière aux Etats-Unis.

Le baril de Brent perd 1,18% à 106,09 dollars et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,94% à 101,6 dollars.

(Reportage Claude Chendjou, édité par Bertrand Boucey)

par Claude Chendjou