(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi)

* L'enthousiasme lié aux espoirs de vaccins retombe

* Un soutien budgétaire supplémentaire se fait désirer

* Certains voient venir une phase de consolidation

* Les PMI européens et les "minutes" de la Fed à l'agenda

par Patrick Vignal

PARIS, 23 novembre (Reuters) - L'enthousiasme des marchés face à la perspective de l'introduction prochaine d'un vaccin contre le coronavirus n'a pas résisté à la persistance des incertitudes, certains intervenants de marché voyant même venir un épisode de consolidation sur les actifs à risque.

Les principaux obstacles à une hausse franche et linéaire des indices demeurent la crainte des dégâts économiques provoqués par les restrictions imposées pour tenter d'endiguer la "deuxième vague" de COVID-19 ainsi que les doutes sur la mise en oeuvre de mesures supplémentaires de soutien budgétaire aux Etats-Unis et en Europe.

Les annonces successives faites par Pfizer, Moderna ou encore AstraZeneca ont certes amélioré le sentiment des investisseurs concernant l'évolution de la croissance à moyen terme mais l'avenir immédiat pourrait être moins brillant, font valoir plusieurs observateurs.

La réaction des indices boursiers, de moins en moins spectaculaire au fil des avancées vers un vaccin, avec des hausses plus limitées entrecoupées de mouvements de prises de bénéfice, paraît leur donner raison.

Le niveau élevé des valorisations et l'effet sur l'environnement économique des nouvelles mesures de confinement rendent probable une phase de consolidation, estime Stephen Ausseur, directeur adjoint des investissements chez Natixis Wealth Management.

La forte progression des indices au cours des dernières séances et le probable retour de l'économie en récession au quatrième trimestre, notamment en Europe, pourraient peser sur l'appétit sur le risque dans les prochaines semaines, selon lui.

"Le marché a fortement réagi à la hausse aux annonces sur les vaccins, qui changent la donne parce qu'elles permettent de regarder au-delà de l'enchaînement des phases de déconfinement et de reconfinement et de revaloriser les perspectives de croissance à moyen terme", dit-il

"Néanmoins, à court terme, les marchés risquent de connaître un certain degré d'incertitude. On a le sentiment que le marché a besoin de souffler".

LE SOUTIEN BUDGÉTAIRE S'ESSOUFFLE

Le rebond des marchés depuis la dislocation du mois de mars doit beaucoup à la réaction rapide et massive des banques centrales et des gouvernements.

Mais si les instituts d'émission restent sur le pied de guerre, les responsables politiques traînent des pieds, notamment aux Etats-Unis, où la confusion liée à la transition entre la présidence de Donald Trump et celle de Joe Biden n'arrange rien.

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, vient ainsi de décider que des fonds que la Réserve fédérale juge essentiels au soutien de l'économie américaine seraient interrompus le 31 décembre. L'administration Biden les relancera sans doute mais ils feront défaut pendant plusieurs semaines, ce qui contrarie le camp démocrate mais également les marchés financiers.

"La division entre le Trésor et la Fed risque de saper la foi inébranlable que les investisseurs ont placée dans un soutien politique continu pour aider l'économie à surmonter la pandémie", s'inquiètent dans une note les analystes de DBS.

En Europe, la situation n'est pas meilleure puisque le plan de relance de 750 milliards d'euros se fait toujours attendre en raison de l'opposition de la Pologne et de la Hongrie.

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ne cesse d'exhorter les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne à sortir de l'impasse, sans succès jusqu'à présent.

La BCE se tient prête à recalibrer ses instruments monétaires lors de sa réunion de décembre mais le complément d'un soutien budgétaire est absolument indispensable, vient-elle de répéter.

LES MARCHÉS ATTENDENT 2021 AVEC IMPATIENCE

Si ce contexte troublé en inquiète plus d'un, certains font valoir que les marchés obéissent à une dynamique qui leur est propre et ne répond pas nécessairement aux messages envoyés par le monde extérieur.

Les valorisations des actifs financiers évoluent de plus en plus en fonction de facteurs endogènes, soit internes, et sont davantage déterminés par des tendances de fond et par le biais des investisseurs que par des éléments exogènes, autrement dit externes, comme par exemple l'arrivée d'un vaccin ou des indicateurs macroéconomiques, avance ainsi Peter de Coensel, directeur des investissements obligataires chez Degroof Petercam.

Lors d'une semaine qui sera écourtée aux Etats-Unis par la fête de Thanksgiving, les investisseurs n'en suivront pas moins les résultats préliminaires des enquêtes auprès des directeurs d'achat (PMI) sur l'activité du secteur privé dans les économies européennes qui seront publiés lundi.

Ils liront également avec attention le compte rendu de sa réunion monétaire de novembre que publiera mercredi la Réserve fédérale, dont les marchés attendent qu'elle se montre encore plus accommodante dès le mois de décembre.

Si les semaines qui viennent pourraient, selon plusieurs gérants et analystes, être marquées par des turbulences, les acteurs des marchés sont nettement plus optimistes pour l'année prochaine, qui approche à grands pas et succédera à un millésime 2020 qu'ils ne sont pas près d'oublier.

"Nous pensons que 2021 sera l'année du renouveau", estime ainsi Mark Haefele, directeur des investissements d'UBS Global Wealth Management, avant d'évoquer les effets combinés de la reprise de la croissance, de politiques budgétaires et monétaires expansionnistes, de la mise en place d'un vaccin et d'une nouvelle donne politique.

(édité par Blandine Hénault)