Rio de Janeiro (awp/afp) - Les essais cliniques du vaccin Coronavac contre le Covid-19, développé par le laboratoire chinois Sinovac, vont reprendre au Brésil, après une suspension controversée de deux jours suite à la mort d'un volontaire, qui pourrait être un suicide.

Cette interruption avait été saluée par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, accusé de politiser la lutte contre la pandémie en alimentant une guerre des vaccins pour miner un adversaire politique.

"Par souci de transparence, l'Anvisa annonce qu'elle vient d'autoriser la reprise des essais cliniques du Coronavac", a annoncé l'organisme dans un communiqué.

La suspension de ces essais cliniques de phase 3 - dernier stade avant l'homologation - avait été accueillie avec "surprise" et "indignation" par l'Institut Butantan, responsable de la coordination de ces tests au Brésil auprès de quelque 10.000 volontaires.

Cet institut public est sous tutelle de l'Etat de Sao Paulo, dont le gouverneur est Joao Doria, pressenti comme un des rivaux de Jair Bolsonaro pour la présidentielle de 2022.

Butantan a noué un accord avec Sinovac pour l'acquisition puis la fabrication locale de millions de doses du Coronavac.

Pour le directeur de cet institut, Dimas Covas, l'"incident grave" rapporté par l'Anvisa pour justifier la suspension des tests cliniques n'était "en aucun cas lié au vaccin". L'enquête policière sur la mort du volontaire privilégie la thèse du suicide.

L'agence régulatrice sanitaire brésilienne Anvisa a précisé dans son communiqué qu'"après avoir évalué de nouvelles données présentées (par l'institut Butantan), l'Anvisa dispose d'éléments suffisants pour permettre la reprise" des essais cliniques.

"Allié du virus"

Mardi matin, le président Bolsonaro avait qualifié la suspension des essais cliniques de "victoire" personnelle.

"Mort, anomalies. C'est ça, le vaccin que Doria voulait obliger tous les habitants de Sao Paulo à recevoir", avait lancé le président d'extrême droite sur Facebook.

Cette réaction a suscité une avalanche de critiques, le gouverneur de l'Etat du Maranhao (nord-est), Flavio Dino, qualifiant Jair Bolsonaro de "plus grand allié du virus".

Le chef de l'Etat n'a cessé de discréditer le "vaccin chinois de Doria", préférant mettre en avant celui développé par l'Université d'Oxford avec la société pharmaceutique britannique AstraZeneca, également en tests de phase 3 au Brésil.

Le gouvernement brésilien a signé un accord pour la production de dizaines de millions de doses de ce vaccin au sein de l'Institut public de référence Fiocruz, à Rio de Janeiro.

Jair Bolsonaro a également suscité la polémique ces dernières semaines en affirmant à plusieurs reprises que la vaccination de la population contre le Covid-19 ne serait pas obligatoire.

Depuis le début de la pandémie, il n'a cessé de minimiser le virus qui a fait plus de 162.000 morts au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé après les Etats-Unis.

afp/al