par Crispian Balmer et Francesco Guarascio

ROME/BRUXELLES, 21 mai (Reuters) - Laboratoires pharmaceutiques et dirigeants des pays industrialisés se sont engagés vendredi lors du sommet mondial sur la santé à fournir des doses de vaccins contre le COVID-19 et des milliards de dollars d'aides afin d'aider les pays en développement à faire face à la pandémie de COVID-19.

La lutte contre la pandémie est actuellement largement déséquilibrée à l'échelle de la planète, avec des pays riches dépensant sans compter pour financer des campagnes de vaccination de masse alors que les pays pauvres ne disposent pour l'instant que de peu de doses, alors que la propagation du virus y est encore parfois hors de contrôle, ce qui a fait naître des critiques sur un "apartheid vaccinal".

Selon Bill Gates, co-fondateur de Microsoft devenu philantrope, les pays riches ont pour l'instant concentré plus de 80% des doses alors que les pays pauvres n'en ont reçu que 0,2%.

"En prévision de la prochaine pandémie, notre priorité doit être de nous assurer que nous surmontons (la crise) actuelle tous ensemble. Nous devons vacciner le monde, et vite", a déclaré le président du Conseil italien, Mario Draghi, en ouverture de ce sommet organisé à Rome par l'Italie - qui préside actuellement le G20 - et l'Union européenne.

Lors de ce sommet, qui s'est tenu par visioconférence, le PDG de Pfizer, Albert Bourla, a annoncé que le laboratoire américain et la biotech allemande BioNTech fourniraient d'ici fin 2022 deux millions de doses à prix réduit de leur vaccin contre le COVID-19 aux pays à revenus faibles ou intermédiaires.

Le laboratoire Johnson & Johnson a quant à lui promis de procurer 200 millions de doses de son vaccin au programme de partage COVAX, supervisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

PEU D'ENGAGEMENTS CHIFFRÉS

Au-delà des groupes pharmaceutiques, les dirigeants des pays et organisations participant au sommet ont également fait des promesses de dons.

L'Union européenne (UE) a promis d'investir un milliard d'euros pour mettre en place des pôles de fabrication de vaccins en Afrique et de fournir au moins 100 millions de doses de vaccins aux pays les plus pauvres, dont 30 millions seront partagées par la France et 30 millions également par l'Allemagne.

Le président chinois Xi Jinping a promis de débloquer trois milliards de dollars d'aide (environ 2,5 milliards d'euros) sur les trois prochaines années afin d'aider les pays en développement à se rétablir de la crise.

Le président des Etats-Unis Joe Biden, dont l'administration a soutenu les appels à la levée des brevets sur les vaccins contre le COVID-19, a été représenté par la vice-présidente Kamala Harris.

Mais cette suggestion, accueillie fraîchement par certains pays européens qui estiment que le principal goulot d'étranglement à lever reste la limitation des exportations américaines de vaccins, ne figure pas dans le projet de déclaration finale que Reuters a pu consulter.

La présidente de l'exécutif européen Ursula von der Leyen a ainsi souligné que les accords internationaux existants permettaient déjà de contraindre des entreprises à partager leurs brevets en cas d'urgence et a précisé que l'UE soumettrait une proposition pour faciliter le recours à ces clauses.

Le Fonds monétaire international (FMI) a quant à lui présenté un plan de 50 milliards de dollars visant à mettre fin à la pandémie en vaccinant au moins 40% de la population mondiale d'ici la fin de l'année et 60% au premier semestre 2022.

Dans leurs déclarations, les dirigeants mondiaux ont relevé l'importance de l'initiative mondiale pour l'accélération des diagnostics, des traitements et des vaccins pour un accès équitable (ACT-A) placée sous l'égide de l'OMS, mais la déclaration finale ne fait mention d'aucun engagement chiffré pour le financement de ce programme, auquel il manque encore 19 milliards d'euros.

La France, qui a déjà contribué à hauteur de 500 millions d'euros à ce programme, a promis vendredi 500 millions d'euros supplémentaires d'ici à la fin de l'année prochaine.

De la même façon, si le partage des vaccins a été jugé comme un des moyens permettant d'aider les pays les plus pauvres, aucun engagement ferme sur ce point n'est inscrit dans le texte final. (Avec Myriam Rivet à Paris, édité par Nicolas Delame)