Londres (awp/afp) - Approuvé par le régulateur britannique, le vaccin anti-Covid développé par le groupe AstraZeneca avec l'université d'Oxford doit permettre aux autorités britanniques d'accélérer la campagne de vaccination lancée début décembre. Il rallume l'espoir d'enrayer au plus vite une envolée des cas attribuée à un variant du virus.

Le Royaume-Uni devient le premier Etat à approuver ce vaccin, très attendu pour des raisons pratiques. Il est bien moins cher que celui de Pfizer/BioNTech déjà distribué et peut être conservé à la température d'un réfrigérateur, soit entre deux et huit degrés Celsius, ce qui facilite une vaccination à grande échelle.

Le pays, l'un des plus touchés par la pandémie avec plus de 71'500 morts, voit les contaminations atteindre des niveaux record alors que ses hôpitaux se trouvent déjà au bord de la rupture et qu'il a déjà reconfiné une grande partie de sa population.

Le feu vert de l'Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA) "fait suite à des essais cliniques rigoureux et à une analyse approfondie des données par des experts de la MHRA, qui a conclu que le vaccin répondait à ses normes strictes de sécurité, de qualité et d'efficacité", a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué.

Le vaccin sera utilisé dès le 4 janvier au Royaume-Uni qui en a commandé 100 millions de doses. Le Premier ministre Boris Johnson a salué un "triomphe pour la science britannique". "Nous allons maintenant vacciner autant de gens possible le plus rapidement possible", a-t-il déclaré sur Twitter.

Pour toucher une population la plus large possible, les deux doses nécessaires pour les deux vaccins désormais autorisés seront espacées considérablement, jusqu'à 12 semaines. "Les scientifiques et les régulateurs ont examiné les données et conclu qu'on obtient ce qu'ils appellent +une protection très efficace+ dès la première dose", a expliqué sur SkyNews le ministre de la Santé Matt Hancock.

La campagne de vaccination britannique est centrée sur neuf catégories à risques représentant 99% des décès: résidents de maisons de retraites, soignants, personnes âgées de plus de 50 ans et personnes à risque.

Deux doses complètes

C'est le deuxième vaccin approuvé par la MHRA, après celui de Pfizer/BioNTech. Depuis Margaret Keenan, 91 ans, première personne vaccinée à l'aube du 8 décembre à Coventry, plus de 600'000 personnes l'ont reçu.

L'enjeu est majeur pour le gouvernement de Boris Johnson, très critiqué pour les ratés de sa gestion de la pandémie. Face à la forte contagiosité du nouveau variant du coronavirus (jusqu'à 74% supérieure selon une étude britannique), il n'a pas caché que la vaccination représentait son principal espoir pour sortir des confinements locaux épuisants pour la population et dévastateurs pour l'économie.

Le vaccin Oxford/AstraZeneca se base sur une version affaiblie d'un virus commun chez les chimpanzés, génétiquement modifié. La manière qu'il a de délivrer du matériel génétique dans les cellules, leur ordonnant d'attaquer le SARS-CoV-2, a été présentée comme un "cheval de Troie".

AstraZeneca offre une "protection à 100%" contre les formes sévères du Covid-19. Dans les résultats intermédiaires d'essais cliniques, le laboratoire britannique avait annoncé en novembre que son vaccin était en moyenne efficace à 70%, contre plus de 90% pour ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna.

Mais cette moyenne cachait de grands écarts entre deux protocoles: l'efficacité est de 90% pour les volontaires qui ont d'abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, mais de seulement 62% pour un autre groupe vacciné avec deux doses complètes.

Ces résultats avaient été critiqués car l'injection d'une demi-dose était due à une erreur et seul un groupe réduit avait suivi le deuxième protocole, poussant l'entreprise à effectuer des recherches supplémentaires.

La version approuvée prévoit l'injection de deux doses complètes, le professeur Andrew Pollard, chef du projet, assurant sur la BBC disposer de "données très robustes" soutenant cette méthode. "Mais en fin de compte, l'effet du vaccin se fera en l'injectant dans les bras des gens", a-t-il ajouté.

Il a assuré qu'il n'y avait "aucune preuve" indiquant que le vaccin n'était pas efficace contre le nouveau variant du virus.

afp/vj