LONDRES (awp/afp) - En plein développement d'un vaccin contre le Covid-19, le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca a annoncé samedi le rachat de la biotech américaine Alexion, spécialisée dans les maladies rares, pour 39 milliards de dollars.

AstraZeneca, qui a fait les gros titres récemment pour son vaccin prometteur contre le virus, dévoile la plus grande opération de fusion dans le secteur pharmaceutique depuis le début de la crise sanitaire.

Les conseils d'administration des deux groupes ont approuvé la fusion, explique dans un communiqué le britannique.

Le laboratoire annonce ce rachat alors qu'il développe par ailleurs avec l'université d'Oxford un vaccin très attendu contre le Covid-19 dont les premiers résultats montrent une efficacité moyenne de 70% contre le virus.

Ce vaccin nécessite des essais supplémentaires et n'a pas encore été homologué par les autorités sanitaires, contrairement à celui de Pfizer et BioNTech qui a été validé en premier par le Royaume-Uni, où la campagne de vaccination a commencé.

AstraZeneca, dont les points forts sont l'oncologie, les traitements cardiovasculaires et ceux contre les maladies respiratoires, va avec Alexion considérablement se renforcer dans l'immunologie et la recherche sur les maladies rares.

La presse financière britannique estimait probable un rachat de grande ampleur pour AstraZeneca dont le cours de Bourse avait grimpé au début de la pandémie.

L'agence Bloomberg avait même révélé en juin que le groupe avait approché l'américain Gilead en vue d'une méga-fusion qui leur aurait permis notamment d'unir leurs forces dans la lutte contre le Covid-19.

Selon le communiqué samedi, les actionnaires d'Alexion vont recevoir 60 dollars en numéraire et des titres émis aux Etats-Unis par AstraZeneca.

Au total, cela valorise chaque action d'Alexion à 175 dollars soit un montant total de 39 milliards de dollars pour l'ensemble de la société.

Bond des profits

L'opération doit encore recevoir les feux verts réglementaires habituels et celui des actionnaires des deux groupes avec l'espoir de la conclure au troisième trimestre de 2021.

A l'issue du rachat, les actionnaires d'Alexion détiendront 15% du nouveau groupe.

"Alexion s'est installé comme un leader afin d'aider les patients atteints de maladies rares. Cette acquisition nous permet de renforcer notre présence dans l'immunologie", a déclaré Pascal Soriot, directeur général d'AstraZeneca.

Pour Ludwig Hantson, patron de la biotech américaine, il s'agit "d'un nouveau chapitre excitant pour Alexion".

"Nous apportons à AstraZeneca un portefeuille solide, des traitements en développements innovants sur les maladies rares, des collaborateurs talentueux et de solides capacités de production", énumère-t-il.

Alexion a connu une forte croissance ces dernières années, avec un chiffre d'affaires de 5 milliards de dollars en 2019, en hausse de 21% sur un an.

AstraZeneca rappelle que le domaine des maladies rares est en plein développement. Il en existe plus de 7.000, dont seulement 5% ont un traitement approuvé par l'Agence américaine des médicaments (FDA).

Le britannique précise que ce rachat va doper ses bénéfices à court terme et prévoit ensuite des synergies avant impôts de 500 millions de dollars d'ici la fin de la troisième année suivant l'acquisition.

Pour financer ce rachat géant, le britannique va recevoir un prêt de 17,5 milliards de dollars de plusieurs banques américaines.

AstraZeneca rassure par ailleurs ses créanciers et actionnaires en estimant que sa trésorerie va gonfler avec ce rachat, ce qui lui permettra à terme de réduire sa dette, et de verser des dividendes comme prévu.

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