ajoute réactions de Di Maio

ROME (awp/afp) - Le patriarche de la famille Benetton, Luciano, a dénoncé dimanche dans une lettre à plusieurs journaux "une campagne contre sa famille", menée selon lui depuis l'effondrement à Gênes en 2018 du pont d'une autoroute gérée par une société qu'elle contrôle indirectement.

"Je juge nécessaire de clarifier un grand malentendu: aucun membre de la famille Benetton n'a jamais géré (la société qui exploite les autoroutes) Autostrade" per l'Italia (Aspi), écrit M. Benetton, 84 ans dans une lettre où il demande "non pas de l'indulgence" mais "du sérieux".

Ce message s'adresse aussi à plusieurs ministres et dirigeants du Mouvement 5 Etoiles (anti-establishment, au pouvoir) qui menacent depuis des mois de retirer les concessions autoroutières au groupe Autostrade.

La famille est actionnaire à 30% du groupe Atlantia qui lui-même contrôle Autostrade, société mise en cause dans l'enquête sur l'écroulement du pont Morandi à Gênes en août 2018, qui a fait 43 morts. Mais les 70% restants cotés en bourse sont détenus par "d'importants fonds souverains" et des investisseurs italiens et étrangers, a rappelé M. Benetton.

"Je ne cherche pas d'excuses mais ces attaques sont absurdes. Qui s'est trompé doit payer mais cette campagne contre notre famille est inacceptable", écrit-il encore, fustigeant nommément le chef du M5S et ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio qui "désigne la famille comme complice d'avoir voulu économiser sciemment sur l'entretien" du pont, "de façon mafieuse".

M. Di Maio a réagi sur Facebook en jugeant "ridicule" la lettre de M. Benetton, l'accusant de "s'être enrichi sur le dos des Italiens en fermant un oeil sur le manque d'interventions de maintenance de sa société". "Pour nous la voie est claire, les familles des victimes du pont veulent et doivent obtenir justice. Le gouvernement ne s'arrêtera pas: sur la révocation des concessions, nous irons jusqu'au bout", a-t-il ajouté.

Dans sa lettre, Luciano Benetton indique que les informations parues dans la presse récemment sur "des omissions de contrôles, des capteurs cassés (sur les piles du pont) et non renouvelés, ou sur des rapports falsifiés, nous touchent et surprennent, de la même façon que l'opinion publique".

"Nous nous sentons blessés comme citoyens, comme entrepreneurs et comme actionnaires", a-t-il assuré.

Pour M. Benetton, la famille a certes une responsabilité, qu'elle assume "en ayant contribué à choisir un management (pour Autostrade) qui s'est montré inadéquat, un management qui avait les pleins pouvoirs et la confiance totale des actionnaires".

Mais Luciano Benetton souligne aussi que son frère Gilberto, décédé en octobre 2018 et qui était le patron de la holding familiale Edizione Holding (présente dans les autoroutes, les aéroports, la restauration, le textile), "mettait la sécurité et la réputation de l'entreprise au-dessus de toute autre considération".

Atlantia est le principal actionnaire d'Autostrade per l'Italia (Aspi), gestionnaire du pont qui s'est écroulé en août 2018, faisant 43 morts.

Le gouvernement italien a menacé Aspi de révoquer sa concession sur le tronçon incluant le pont et de remettre en question ses autres concessions en Italie, l'accusant d'avoir violé ses obligations de manutention.

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