Il n'y a pas vraiment de recette miracle pour une entreprise cotée quand il s'agit d'annoncer une mauvaise nouvelle en relation avec sa comptabilité. L'édulcoration ne marche jamais, la transparence totale non plus. L'entre-deux pas davantage. Ce matin, Atos était plutôt dans cette dernière catégorie avec un communiqué expliquant que ses commissaires aux comptes ont émis "une réserve pour limitation de travaux portant sur deux entités juridiques américaines représentant 11% du chiffre d’affaires consolidé 2020 et nécessitant des travaux supplémentaires". Le groupe a ajouté que les deux entités concernées sont Atos IT Solutions and Services Inc. et Atos IT Outsourcing Services LLC, et qu'elles ont été brocardées à cause de "plusieurs points de faiblesses du contrôle interne", qui ont entraîné "plusieurs erreurs comptables" et un "risque de contournement des contrôles". "Comptable, erreur, contrôle interne, contournement, faiblesse…" la coupe sémantique du pépin financier est presque pleine.  

La chute de l'action reflète l'aversion des investisseurs à ce type de risque. Atos souligne que les comptes consolidés sont malgré tout certifiés et qu'aucune grosse anomalie n’a été identifiée "à ce jour". En tout cas rien qui serait significatif pour les entités concernées, lesquelles pèsent quand même 11% du chiffre d'affaires et 9% de la marge opérationnelle consolidées (soit respectivement environ 1,23 Md€ et 90 M€, sur la base de nos calculs). Le groupe a mandaté des cabinets externes pour réaliser les travaux complémentaires demandés par les commissaires aux comptes, et réaliser un audit externe.

Ce type d'affaire fait toujours des dégâts sur la perception qu'ont les marchés d'une entreprise, même si les audits ultérieurs concluent à des soucis mineurs. On se souvient qu'Altran (racheté depuis par Capgemini) avait, il y a moins de trois ans, beaucoup souffert de révélations de malversations comptables sur une entreprise américaine, Aricent, qu'elle venait de racheter. Les investisseurs ont tôt fait de considérer qu'une entreprise qui manque de contrôle en interne ne tourne pas aussi bien qu'elle devrait.

Mauvaise blague pour le 1er avril