Atos SE vient de procéder à un regroupement d’actions spectaculaire : 10 000 anciennes actions sont désormais échangées contre une seule nouvelle. Un changement purement technique, mais visuellement très impressionnant : au matin du 24 avril 2025, l’action Atos ouvre à 35 €, contre... 0,0035 € la veille.

Un peu long à la détente

OK, parfois, nos bases de données sont un peu longues à la détente (capture d'écran Zonebourse)

Une hausse de +945 846 % sur le papier, qui n’a évidemment rien de réel. Car dans le même temps, le nombre d’actions en circulation a fondu comme neige au soleil, passant de 190,2 milliards à 19 millions. La valeur globale de l’entreprise, elle, reste inchangée. Seule la présentation change : la valeur nominale passe symboliquement de 0,0001 € à 1 €.

Pour mieux comprendre, un petit tableau vaut mieux qu’un long discours :

Exemple Regroupement Atos

L’objectif de cette opération ? Réduire le nombre pléthorique d’actions après les augmentations de capital liées au plan de sauvegarde, et tenter de redonner un peu de lisibilité — et de stabilité — au titre. Aucun impact sur la valeur du portefeuille des actionnaires, sauf si ceux-ci détiennent un nombre "imparfait" d’actions. Pour ceux qui n’ont pas un multiple exact de 10 000, les fractions restantes (dites "rompus") sont indemnisées en numéraire. Par exemple, un porteur de 99 000 actions voit 90 000 d’entre elles automatiquement regroupées en 9 nouvelles actions, et reçoit 31,50 € pour les 9 000 restantes, désormais annulées. Les actions issues du regroupement sont cotées sous un nouveau code ISIN : FR001400X2S4.

Une FAQ est disponible sur le site d’Atos pour répondre aux questions des actionnaires, mais ce genre d’opération n’est pas anodin. Un vieux routier de la bourse me confiait un jour : "Les regroupements d’actions précipités sont souvent le chant du cygne des valeurs malmenées" (ou un truc du genre, c'était sûrement beaucoup moins poétique) Et l’histoire semble lui donner raison : Casino a perdu plus de 80% depuis son regroupement l’an dernier, Air France-KLM et Vallourec ont vu fondre leur valeur de moitié après des opérations similaires. Même Orpea, rebaptisée Emeis, accuse une chute de près de 19% depuis mars 2024. Et je ne parle même pas de la lie du marché, c'est à dire les penny stocks perpétuelles de la cote biberonnées aux financements dilutifs ! Quelques exceptions confirment la règle : Soitec a progressé de 25% depuis 2017, et Viridien (ex-CGG) a gagné 7% depuis juillet 2024 — mais après avoir attendu que ses résultats s’améliorent franchement (et avec l'expérience d'un regroupement catastrophique en 2016). 

Bref, pour tenir la barre des 35 EUR, il faudra qu'Atos assure opérationnellement, c'est à dire que le nouveau management parvienne à redorer le blason du groupe auprès de ses salariés, de ses clients... et des investisseurs. Regrouper les actions était la partie la plus facile du plan.