Présenté lors d’un Capital Markets Day à Paris ce 15 mai, le plan s’étale jusqu’en 2028. Objectifs chiffrés : un chiffre d’affaires compris entre 9 et 10 milliards d’euros et une marge opérationnelle de 10% à cet horizon. Ce niveau de rentabilité est ambitieux compte tenu des efforts de réorganisation à fournir. Atos vise aussi un retour à une notation "investment grade", en s’appuyant sur une réduction de la dette et une trésorerie plus solide.
Atos a pour objectif de redevenir un acteur technologique de premier plan, un statut abandonné il y a quelques années déjà au profit de ses concurrents. Pour ce faire, le groupe sera centré sur les parcours digitaux sécurisés et l’usage de l’IA, via une réorganisation en deux entités :
- Atos, qui regroupe six lignes de services : cloud, cybersécurité, données et IA, applications numériques, plateformes intelligentes et environnements de travail digitaux.
- Eviden, axée sur les produits technologiques : supercalculateurs, systèmes critiques, cybersécurité et vision par ordinateur.
Le recentrage est aussi géographique : Atos quitte les marchés jugés secondaires pour concentrer ses efforts sur six régions stratégiques, dont la France, l’Allemagne, l’Amérique du Nord et les pays nordiques.
Réduire les coûts
Fini les structures complexes. La direction est repensée autour d’un comité resserré regroupant responsables métiers, zones géographiques et fonctions support. L’objectif : gagner en réactivité, renforcer la responsabilité locale et améliorer l’efficacité opérationnelle. L’idée est claire : piloter au plus près du terrain, sans perdre de vue la stratégie globale.
Le groupe vise une baisse de ses coûts fixes, avec un objectif de frais généraux limités à 5% du chiffre d’affaires d’ici 2028 (contre 7% aujourd’hui). Cela passera par une réduction des effectifs, une baisse des dépenses non essentielles et un recours accru à l’offshoring. Une cure d'austérité qui laissera malgré tout 500 millions d’euros d'investissement en R&D et une poche de 100 millions pour aider et profiter de start-up technologiques d’ici quatre ans. Les priorités ? L’IA générative, la cybersécurité, le quantique et les technologies émergentes.
Une normalisation totale en 2028 ?
L’année 2025 restera une année de transition, avec un chiffre d’affaires attendu autour de 8,5 milliards d’euros, en recul par rapport aux 9,6 milliards estimés pour 2024. Le consensus de marché (4 analystes, ce qui ne fait pas lourd) attendait 9,05 Mds€. En cause : le recentrage des activités et un environnement commercial encore hésitant. La marge opérationnelle devrait toutefois grimper à 4% (contre 2% en 2024), même si la trésorerie restera négative, à -350 millions d’euros.
Le retour à la croissance est attendu en 2026, avec une amélioration progressive des flux de trésorerie. D’ici 2028, Atos vise une croissance annuelle moyenne de 5 à 7%, en intégrant les arbitrages de périmètre, soit les cessions — dont celle de la division Advanced Computing, en discussion avec l’État — soit les acquisitions. L’endettement net devrait, lui, retomber sous 1,5 fois l’OMDAL (marge d'exploitation avant dépréciations, amortissements et loyers). Il n'y aura ni dividende ni de rachat d’actions d'ici là.
"Nous pensons que l'objectif d'une marge opérationnelle de 10% en seulement quatre ans est ambitieux. Toutefois, le plan stratégique devrait satisfaire le marché boursier", commente, à chaud, Hélène Coumes d'AlphaValue ce matin. Atos a démarré la journée en hausse de 4% autour de 43,50 EUR. Pour le moment, le groupe tient le cap après son regroupement d'actions.