Malgré une domination écrasante sur ses segments d'activités — près de la moitié des parts de marché sur les airbags, les ceintures de sécurité et les volants — on ne peut pas dire que le leader mondial de la sécurité automobile recueille vraiment les faveurs des investisseurs, comme en témoigne de façon claire le surplace du cours de bourse de son titre au long de la dernière décennie.
Il est vrai que la marge brute du groupe américano-suédois connaît une sensible érosion sur la période, victime des exigences d’économies toujours plus intenses que lui imposent les grands constructeurs ; et que la banqueroute financière et commerciale de son principal concurrent, le japonais Takata, ne lui a en bout de compte que modestement profité.
Cette dernière, en réalité, a surtout mis en évidence la fragilité d’un modèle très exposé à une possible défaillance de qualité. Ceci sans même évoquer les difficultés que rencontrent les constructeurs — Stellantis, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et Volkswagen représentent un tiers du chiffre d’affaires consolidé à eux trois ; les constructeurs japonais un autre tiers de celui-ci — ou les menaces de droits de douanes agitées par le nouvel exécutif américain, entre autres périls.
Ce n’est cependant pas d’un désamour structurel des investisseurs dont souffre Autoliv. Sur le long terme, les multiples de valorisation du groupe — qui oscillent autour de vingt fois les profits et de deux à trois fois la valeur des capitaux propres — sont autrement plus reluisants que ceux qui affligent les équipementiers automobiles dans leur ensemble.
Même en rêve, des pairs comme Forvia ou Continental ne pourraient pas s’approcher d’un tel traitement de faveur. Voir à sujet Forvia : Ecuries d'Augias et Continental AG : Evidente décote. Reconnaissons toutefois que ni l’un ni l’autre ne seraient en mesure de se prévaloir de la performance financière d’Autoliv, dont la rentabilité des capitaux propres évolue à une moyenne de 15% sans recours prononcé à l’effet de levier.
Sous réserve d’un bouleversement inattendu, les analystes visent haut pour les années qui viennent, avec un profit par action supérieur à $9 en 2025, à $11 en 2026, et à $12 en 2027. Si l’histoire peut servir de guide — la croissance du chiffre d’affaires et du profit d’exploitation depuis 2015 sont somme toute restées très timides — ces anticipations doivent être accueillies avec prudence.
Ce n’est bien sûr pas la posture de l’actionnaire du groupe, à savoir le fonds activiste Cevian. A l’impulsion de celui-ci, Autoliv s’est engagé depuis vingt-quatre mois dans un programme de rachats d’actions agressif à hauteur d’un milliard de dollars alors que la valorisation du groupe évoluait aux alentours de x6.5 le profit d’exploitation avant amortissements, ou EBITDA.
Zonebourse rappelle qu’historiquement la valorisation moyenne d’Autoliv oscille autour de x7.5 l’EBITDA, et qu’elle n’a eu de cesse de buter sur un plafond de x9 l’EBITDA. Il est donc à souhaiter que les projections de croissance du profit soulignées par les analystes qui suivent le groupe ne soient pas fantaisistes...