PARIS (awp/afp) - Les rémunérations faramineuses de dirigeants d'entreprises irritent de plus en plus les actionnaires, mais il est cependant très rare que ceux-ci aillent jusqu'à voter contre -lors de votes consultatifs- comme ceux de Renault vendredi ou de BP il y a quelques jours.

Les actionnaires de Renault ont rejeté à 54% la résolution destinée à entériner une rémunération totale de 7,251 millions d'euros pour le PDG Carlos Ghosn en 2015. Ce qui n'a pas empêché le Conseil d'administration d'annoncer aussitôt qu'il maintenait cette rémunération.

Le 14 avril, les actionnaires de BP avaient symboliquement rejeté la forte hausse de rémunération du directeur général Bob Dudley passée en 2015 de 16,4 à 19,6 millions de dollars. Mais le Conseil d'administration a écarté toute révision immédiate des émoluments de M. Dudley.

La rémunération des dirigeants d'entreprise au Royaume-Uni n'est pas adaptée et récompense parfois l'échec, concluaient le 21 avril des figures du monde des affaires britanniques, membres de l'Investment Association.

Mardi, plus d'un tiers des actionnaires de Citigroup se sont prononcés contre les salaires et bonus versés aux dirigeants de la banque américaine. Le directeur général Michael Corbat a perçu l'an dernier 16,5 millions de dollars (+27,5%).

Mais jusqu'à maintenant, ces protestations étaient rarement allées jusqu'à des votes majoritairement hostiles, qui constituent des camouflets pour les équipes dirigeantes.

En France, en 2015, deuxième année d'application du principe "say on pay", - qui consiste à soumettre les rémunérations des dirigeants au vote consultatif des actionnaires - les actionnaires ont donné leur approbation à 87%, un chiffre en baisse par rapport aux 92% enregistrés en 2014, selon l'analyse de 95 assemblées d'entreprise du SBF-120 réalisée par la publication spécialisée l'Hebdo des AG.

Dès janvier dernier, des experts français réunis par l'Hebdo des AG prévoyaient que la rémunération des dirigeants figurerait parmi les thèmes dominants des assemblées générales d'actionnaires en 2016.

Mais il est déjà arrivé dans le passé que les directions affrontent une fronde majoritaire. Ainsi, en octobre 2014, Coca-Cola avait dû faire marche arrière sur la rémunération de ses dirigeants en annonçant un plan de distribution de stock-options moins avantageux que le précédent, contesté par des actionnaires.

En avril 2013, les actionnaires de la banque suisse Julius Baer avaient rejeté le rapport sur les rémunérations des dirigeants lors de l'assemblée générale. Ils refusaient une rémunération de 6,6 millions de francs suisses suisses (5,4 millions d'euros) pour le directeur général Boris Collardi.

Sur un sujet proche, en mai 2012, les actionnaires d'Air France-KLM avaient largement invalidé, à 78,8%, une prime de 400.000 euros versée à l'ancien patron Pierre-Henri Gourgeon, après son éviction, en octobre 2011.

Au même moment, les actionnaires de l'assureur britannique Aviva rejetaient en AG le rapport sur les rémunérations des dirigeants du groupe. Le directeur général Andrew Moss avait alors renoncé à une augmentation de salaire annuelle de 4,8% qui devait lui procurer en 2013 un salaire de base à un peu plus d'un million de livres (1,2 million d'euros).

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