Le portefeuille a été repositionné pour favoriser les activités en assurance-dommages, moins exigeantes en capital que les activités d’assurance-vie ; intégrer les grands risques et la réassurance — l’aristocratie du métier — avec le rachat de XL, qui certes n’est pas allé sans heurts mais qui délivre aujourd’hui des résultats conformes aux attentes ; et favoriser la cession de l’activité de gestion d’actifs à BNP, actée en décembre dernier, quoique depuis longtemps dans les tiroirs.
Il n’aura pas échappé aux observateurs que la cession d’Axa Investment Managers — et ses 850 milliards d’euros d’actifs sous gestion — se fait sur la base d’une valorisation de quinze fois les profits. Voilà qui mettra sans doute du baume au coeur aux actionnaires d’Amundi, qui depuis quelques années grimacent face au traitement que le marché réserve à leur groupe et à ses 2 200 milliards d’euros d’actifs sous gestion.
En 2024, Axa assure une rentabilité des capitaux propres de 15%, c’est-à-dire sur ses plus-hauts à vingt-cinq ans. Les volumes de polices, le chiffre d’affaires et le profit par action sont tous en hausse de 8%, tandis que le dividende augmente de 9%. Sur les activités d’assurance-dommages, le ratio combiné est de seulement 91%, grâce surtout à une année extrêmement clémente en matière de catastrophes naturelles.
Les €5.3 milliards obtenus grâce à la vente d’Axa IM seront retournés à hauteur des deux-tiers aux actionnaires via des rachats d’actions ; le solde servira à de petites acquisitions ciblées. Un peu comme dans le cas de Ferrari discuté hier dans ces colonnes, les analystes de Zonebourse confessent questionner la pertinence d’un tel choix.
En effet, à des niveaux de valorisation revenus sur leur borne haute de x1.7 la valeur des capitaux propres, et dans un contexte très clairement euphorique pour le secteur — qui accumule les signaux de haut de cycle — racheter ses propres titres fait-il plus de sens que la distribution d’un dividende spécial ?
Nonobstant ces réserves qui n’engagent que nous, les actionnaires de l’assureur français — comme du reste ceux de son rival italien Generali — profiteront comme il se doit d’un grand cru 2024 qui consacre la stratégie de pivot initiée par Thomas Buberl dès son début de mandat.
Axa réalise ainsi un bénéfice de €7.9 milliards sur les douze derniers mois, dont €6.2 milliards ont été retournés aux actionnaires via €4.4 milliards distribués en dividendes et €1.8 milliard orienté en rachats de titres ; €0.6 milliard a servi au désendettement, et €1.1 milliard découlait en réalité d’un gain de change.