Milan (awp/afp) - Le numéro un de l'assurance en Italie, Generali, a affiché un bénéfice opérationnel record pour 2021, une annonce qui tombe à pic au moment où son patron Philippe Donnet brigue un troisième mandat, sur fond de querelles d'actionnaires.

"Ce sont les meilleurs résultats de l'histoire de Generali", a commenté mardi devant des journalistes ce polytechnicien français âgé de 61 ans, qui est aux commandes de l'assureur depuis 2016.

Reflet d'une forte reprise de l'activité du groupe après la pandémie de coronavirus, le bénéfice opérationnel a grimpé de 12,4% à 5,85 milliards d'euros, un montant inédit dépassant les attentes des analystes.

Le géant italien de l'assurance a dégagé en outre un bénéfice net en hausse de 63,3% à 2,84 milliards d'euros.

Ces résultats signent "la conclusion réussie de notre plan stratégique 2021, démontrant une fois de plus que nous tenons nos promesses", a estimé M. Donnet.

Autant d'arguments que le dirigeant compte faire valoir dans la bataille pour sa succession que se livrent les principaux actionnaires du groupe, fondé en 1831 à Trieste, dans le nord-est de l'Italie.

26 candidats en lice

Le conseil d'administration de Generali a approuvé lundi une liste de treize candidats en vue de son renouvellement en avril, sur laquelle figure M. Donnet.

La liste sera mise au vote de l'assemblée générale des actionnaires prévue le 29 avril et sera en concurrence avec une autre présentée mardi soir par le magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone, deuxième actionnaire de Generali avec une part de 8%.

Sur sa liste, qui comprend également treize candidats, le milliardaire a présenté son propre favori pour le poste de PDG, Luciano Cirina, pour défier M. Donnet.

M. Cirina est un candidat en interne, responsable de la région Europe de l'est au sein de Generali depuis 2013.

M. Caltagirone et son allié Leonardo Del Vecchio, fondateur du fabricant de lunettes Luxottica, qui détient une part de 6,6%, s'opposent à la reconduction de M. Donnet et se disputent le contrôle de l'assureur avec Mediobanca, principal actionnaire avec 12,8% du capital mais 17,2% des droits de vote.

M. Caltagirone avait claqué la porte du conseil d'administration avec fracas à la mi-janvier, suivi peu après du représentant de M. Del Vecchio.

Les frondeurs font valoir que, par rapport à ses concurrents comme Allianz, Axa ou Zurich Insurance, Generali a perdu du terrain ces 20 dernières années, en termes de croissance et de capitalisation, et devrait se montrer plus audacieux quant aux fusions-acquisitions.

Après avoir acquis en 2021 pour 1,2 milliard d'euros l'assureur italien Cattolica et pour 400 millions d'euros le groupe français La Médicale, Generali a signé des accords en janvier pour renforcer sa présence en Inde.

Incertitudes liées à l'Ukraine

Pour la période 2022 à 2024, Generali dispose d'un trésor de guerre d'environ trois milliards d'euros, selon les calculs de son directeur financier Cristiano Borean.

Commentant des résultats "solides, stables et impressionnants", les analystes de BofA Securities estiment que "le mandat de M. Donnet sera prolongé".

Le groupe a confirmé les prévisions de son nouveau plan stratégique, à savoir une hausse du bénéfice par action de 6 à 8% par an et la distribution de 5,2 à 5,6 milliards d'euros à ses actionnaires d'ici à 2024, sous forme de dividendes.

Toutefois, Generali a reconnu que l'évolution de l'invasion de l'Ukraine par la Russie était "imprévisible" et qu'il était donc impossible d'estimer les effets de la crise sur les activités d'assurance.

L'assureur avait annoncé début mars son retrait progressif de Russie, avec la fermeture de sa représentation à Moscou et le prochain arrêt de l'activité de sa filiale Europ Assistance.

Le groupe s'est retiré aussi du conseil d'administration de l'assureur russe Ingosstrakh, sans toutefois annoncer une vente de sa part de 38,5%.

L'exposition en Russie s'élève à 0,1% des actifs de Generali, soit environ 683 millions d'euros, répartis pour moitié entre sa part dans Ingosstrakh et des obligations.

Pour les analystes de Morgan Stanley, c'est une exposition "minimale" qui ne suscite pas d'inquiétudes.

afp/rp