Comptabilité peut-être moins fiable, risque politique, diversification parfois hasardeuse, virage à demi-raté vers le mobile, et profitabilité compressée par de lourds investissements dans la R&D justifient sans peine cet écart.

L'embellie de 2020 — dont Zonebourse, qui à cette époque comptait l'action parmi les positions de son portefeuille USA, avait très bien profité — aura été de courte durée. Comme le montrent les résultats trimestriels publiés hier, la croissance du chiffre d'affaires est modeste et la profitabilité toujours en panne d'expansion. 

Cette situation ne devrait guère s'améliorer sur les prochains trimestres, car Baidu doit mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard dans le domaine de l'intelligence artificielle. Il y a quelques semaines, la démonstration de Ernie — son alternative à ChatGPT, Bard et consorts — faisait un flop. 

S'il faut toutefois se féliciter de quelque chose, c'est de la restructuration de iQIYI — le "Netflix chinois" — dont les comptes ont manifestement été remis dans le vert après une série d'exercices déficitaires. Sur ce point, Baidu fait nettement mieux que ses comparables américains.

En consolidé, Baidu devrait être en mesure de générer entre $2 et $2.5 milliards de free cash-flow cette année. La valeur d'entreprise actuelle de $36 milliards représente donc un multiple compris entre x14 et x18 les profits. Raisonnable, cette valorisation ne laisse toutefois guère de marge de sécurité. 

D'aucuns soutiendraient que la somme des parties est très supérieure à la valeur d'entreprise, qui ne rendrait pas nécessairement justice à la position de leader de Baidu dans les technologies de conduite autonome. Inutile ici de détailler l'opportunité qu'une telle avance peut représenter sur un marché assez colossal que le marché chinois.

Comme nous le rappelions il y a quelques jours avec l'exemple de News Corp, l'exercice de la somme des parties, quoique élégant, débouche somme toute assez rarement sur des résultats d'investissement satisfaisants.