Lancée en janvier, l’OPA de Banca Monte dei Paschi di Siena (MPS) avait surpris les marchés. L’établissement siennois, emblématique des difficultés bancaires de Rome jusqu’à son sauvetage par l’État en 2017, s’attaque désormais à l’un des piliers historiques du capitalisme italien. L’offre, intégralement en actions, valorise Mediobanca à 14,6 milliards d’euros, contre une capitalisation boursière actuelle proche de 16 milliards. MPS, de son côté, pèse 8,7 milliards d’euros.

La décision de la BCE, prise par son conseil de supervision via une procédure écrite, doit encore être entérinée par le conseil des gouverneurs avant notification officielle à MPS. La banque toscane prévoit de lancer formellement son offre en juillet. Les actionnaires de Mediobanca disposeront alors de plusieurs semaines pour céder leurs titres.

Dans un climat agité pour le secteur, cette offre s’inscrit dans une série de tentatives de rapprochement, souvent hostiles, qui redessinent la carte bancaire du pays. Le gouvernement italien, qui détenait encore 68% de MPS en 2017, a progressivement réduit sa participation à 11,7%, dans l’objectif assumé de faire émerger un concurrent de taille face aux géants Intesa Sanpaolo et UniCredit.

La cession, en novembre dernier, d’une participation de 15% à un groupe d’investisseurs italiens, dont les familles Del Vecchio et Caltagirone, également actionnaires influents de Mediobanca, fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du parquet de Milan, tandis que la Commission européenne examine elle aussi les conditions de l’opération. Bruxelles n’a pas commenté l’information, rapportée mardi par le Financial Times.

MPS, renforcée par des résultats en forte hausse grâce à la remontée des taux et à des décisions de justice favorables ayant libéré des provisions, dispose d’une solide trésorerie au-delà de ses exigences réglementaires. Elle pourrait ainsi partiellement convertir son offre en numéraire pour la rendre plus attrayante.

Face à cette offensive, Mediobanca a tenté de se défendre en proposant l’acquisition de la banque privée Banca Generali, dans le but de se recentrer sur la gestion de fortune. Mais le projet a subi un revers : le vote des actionnaires, initialement prévu le 16 juin, a été repoussé à septembre faute de soutien suffisant.

La manœuvre du gouvernement visant à rapprocher MPS de Banco BPM a, elle, été contrariée par une offre concurrente d’UniCredit sur BPM fin novembre. Toutefois, le directeur général d’UniCredit, Andrea Orcel, a récemment indiqué qu’il pourrait renoncer à l’opération si les conditions imposées par l’État demeuraient inchangées.